LES RACINES D'ISRAEL -2014

 

LES RACINES D’ISRAEL

Le peuple juif face à l'antijudaïsme européen  

et au cynisme des alliés occidentaux

Didier BERTIN - 2 Mars 2014

 

I-ORIGINE DE LA TERRE

 

1-Peuple 

Hébreux (עברים - racine : passer, עבר) signifierait nomades (ceux qui passent) et est le nom d’une tribu sémite du sud de la Mésopotamie à laquelle Abram devenu Abraham, père du monothéisme, aurait appartenu. Le nom de l'ancêtre d'Abraham, Eber ou Ever, עבר est constitué de cette racine עבר ; les noms Abram et Abraham ne se rapporte pas à cette racine mais au mot "Père" אב.

 

2-Nom 

Selon les traditions orales et religieuses reprises dans la bible, Abraham eut pour petit fils Jacob fils d’Isaac appelé Israël après un songe dans lequel il se serait opposé à l'envoyé de Dieu appelé. La descendance des 12 fils de Jacob appelé Israël constitue le peuple d'Israël.  

 

 3-Situation géographique 

Après avoir quitté la ville d'Ur en Mésopotamie environ 2000 ans avant l'ère chrétienne, Abram se serait rendu à Sichem et à Mambré, près de Hébron dans le pays de Canaan qu'il aurait désigné, selon la volonté divine comme le pays de sa descendance issue de Sarah ; Abraham s'établit à Mambré et la place actuelle d'Israël correspond en grande partie à celle désignée par Abraham comme devant être la terre de sa descendance.

 

4- Royaume d’Israël - Royaume de Juda et Diaspora :

Le Royaume d’Israël fut divisé en deux en 922 avant JC. Le nord maintint le nom de Royaume d’Israël mais fut détruit par le Assyriens en 722 avant JC et le sud c'est-à-dire le Royaume de Juda appelée aussi Judée (du nom d’un des 12 fils de Jacob) se maintint. La Judée avait gardé les croyances, les lois, les traditions et l’organisation religieuse d’Israël malgré l’invasion babylonienne au VIe siècle avant JC, en y apportant des adaptations, des interprétations et des codifications, C’est après l’invasion babylonienne que l’on a parlé de Judaïsme et de Juifs par référence à la Judée mais aussi désigner l’ensemble du peuple d’Israël et son patrimoine culturel et religieux.

Israël subit donc de nombreuses invasions dont la dernière fut celle des Romains en 63 avant J.C menée par le Général Pompée. Les Romains supportaient mal les révoltes locales et en particulier celles de Judée. La domination d’un petit nombre de Romains sur de très larges territoires était fondée sur une pacification obtenue par une répression violente combinant esclavage, crucifixions, massacres et destructions appelée aussi « Pax Romana. » La Pax Romana pouvait aussi être vue comme l’abandon des prérogatives des peuples sur leur territoire en échange de lourds impôts, d’une protection contre les barbares, du bénéfice des avancées de la civilisation romaine et du poids de ses limites.

La Judée illustra bien la technique répressive des romains ; ainsi en 70, les Romains détruisirent le Temple de Jérusalem puis Jérusalem elle même en 135 après la révolte de Bar Kokhba et expulsèrent le peuple d’Israël hors de Judée à laquelle ils donnèrent le nom des ennemis traditionnels des juifs : les philistins. La Judée fut appelée "terre des Philistins c'est à dire Palestine en tant qu'application d'un processus de déjudaïsation systématique de la Judée dans un esprit de vengeance.

Cette expulsion ou dispersion ou diaspora a permis de facilité l’expansion du christianisme et de son corollaire « l’antijudaïsme. »

 

II- LES PRECURSEURS DU SIONISME

 

 Les facteurs culturels, la langue, l’histoire, les traditions, la religion mais aussi de façon importante l’antijudaïsme ont imposé une spécificité au peuple Juif. L’antijudaïsme a renforcé l'espérance des juifs pour un retour à la terre ancestrale et a donné un sens profond au vœu de retour répété dans la liturgie et au notamment au moment de la Pâque. Le sionisme est un ensemble de courants de pensée qui préconisent le retour à la terre ancestrale le plus souvent pour fuir les persécutions antijuives.

La période de la fin du dix-huitième siècle au début du dix-neuvième siècle fut marquée par une nette opposition entre le libéralisme naissant en Europe occidentale et la dureté des régimes d'Europe Centrale et Orientale. Alors qu'un décret Napoléonien émancipait politiquement les Juifs en Europe occidentale en 1806, haine, injustice, pogroms et discrimination s’accroissaient en Europe Centrale et Orientale. Les idées libérales pénétrèrent malgré tout en Europe centrale avec les percées napoléoniennes. Napoléon Bonaparte fut l’un des premiers à appeler "les Juifs à se rallier sous son drapeau pour restaurer l’antique Palestine".  Il envisageait même de créer un État Juif. 

Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge, aurait proposé la création d'une "Société Internationale pour l'Orient" dont la tâche serait de rénover l'agriculture, d’implanter des industries, de reconstruire le port de Jaffa et des voies ferrées afin d’organiser l'immigration des Juifs en Palestine. 

Parmi les Juifs précurseurs du sionisme, on peut citer le talmudiste Zvi-Hirsch Kalischer qui publia en 1862 un ouvrage dans lequel il écrivit que le retour en Palestine ne pourra s'effectuer que par l’agriculture et créa une société agricole juive à Francfort. A Odessa, Léo Pinsker qui avait assisté à la vague de pogroms qui suivit l’assassinat du Tsar Alexandre II en 1881, publia en 1882 une brochure appelée « l'Auto émancipation, »et dans laquelle il expliquait que l'antijudaïsme était dû à l’absence d’État Juif dont il préconisait la création.

En 1884, le premier mouvement sioniste prit naissance à Katowice en Pologne sous le nom des «Amants de Sion». Le français Charles Netter, oncle du célèbre professeur de Médecine Arnold Netter, émigra en Palestine et créa en 1880 une école d'agronomie près de Jaffa et le Baron Edmond de Rothschild y finança de nombreux projets.

 

III - NAISSANCE DU SIONISME MODERNE

 

 Théodore Herzl fonda le Sionisme moderne ; il naquit en Hongrie, vécu à Vienne et était un Juif assimilé à la fois journaliste et écrivain. L’antisémitisme du philosophe allemand Eugen Dühring, les pogroms en Russie, et l'antijudaïsme français illustré notamment par Drumont et par l'Affaire Dreyfus en novembre 1894, l’amenèrent à considérer une solution politique pour parer à l’hostilité à l’égard des juifs. En 1895, Il écrivit "l'État Juif" (Der Judenstaat) dans lequel il présenta les idées suivantes :

1.   Les Juifs, minoritaires partout sont condamnés à supporter l'antisémitisme que leur position minoritaire encourage chez les peuples qui les accueillent

2.   Un Accord international devra garantir aux Juifs un territoire en Palestine 

3.   Une association politique et une compagnie économique, devront être chargées des négociations, du financement et du développement du futur État

 L'association politique fut "l’Organisation Sioniste Mondiale " et le Fonds National Juif créé en 1899 à Londres, fut cette compagnie économique qui organisa deux années plus tard la Banque Anglo-Palestinienne.

 

 IV – EVOLUTION DU SIONISME

 

 A sa mort, Théodore Herzl laissa un projet que Haïm Weizmann, David Ben Gourion et d'autres réalisèrent. Cependant le mouvement sioniste était lui-même divisé entre « les  politiques » suivant les idées de Théodore Herzl sur la nécessité d’obtenir un accord international sur le principe de l’État juif et « les pragmatiques » qui considéraient qu'il fallait en priorité s’installer en Palestine et y créer des villages. Les pragmatiques virent leur position renforcée par l’augmentation des pogroms encouragés par le régime tsariste en tant que dérivatif à l’échec de la révolution de 1905.Les sionistes « pragmatiques» donnèrent une réalité à l’implantation en Palestine mais de lourdes menaces pesaient sur les immigrants que seule une solution politique pouvait lever. Le sionisme avait besoin de ce double aspect pragmatique et politique. Haïm Weizman créa l’idée du « sionisme synthétique », alliant le sionisme politique au sionisme pragmatique.

 

V - CONSECRATION DU SIONISME –Soutien intéressé de la Grande Bretagne 

Haïm Weizman né en Biélorussie en 1874, fut une haute personnalité scientifique en Angleterre, Directeur de la Recherche scientifique auprès de l’amirauté britannique et inventeur de l’acétone synthétique en 1916 ; ce produit était indispensable au maintien de la production d’explosifs au cours de la première guerre mondiale. Il obtint du Gouvernement britannique une déclaration exprimée par « Lord Arthur Balfour », le Foreign Office Secretary du Premier Ministre David Lloyd George, le 2 novembre 1917, sous forme de lettre adressée à Lord Rothschild dont les principaux termes étaient les suivants :

 

« Le gouvernement de Sa Majesté envisage avec faveur l'établissement en Palestine d'un Foyer National (National Home) pour le peuple juif, et fera de son mieux pour en faciliter la réalisation, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine, non plus qu'aux droits et au statut politique dont les Juifs bénéficient dans les autres pays ».

Il est à noter que Haïm Weizman devint en 1948, le premier président de l’État d’Israël.

Le nom de Balfour doit aussi être lié à l’« Aliens Act » qu’il fit voter en 1905, alors qu’il était Premier Ministre et qui visait à empêcher les Juifs de Russie et de Pologne de venir se réfugier en Grande Bretagne au plus fort moment des Pogroms.

La déclaration du Gouvernement Anglais en 1917 fut aussi et dans les faits un moyen en apparence généreux de réguler la circulation des populations Juives d’Europe Centrale en leur trouvant une terre d’accueil loin de l'Europe.

La déclaration de 1917 de Lord Balfour avait été soutenue par le ministre français des affaires étrangères Stephen Pichon.  Ainsi le Sionisme fut consacré par deux grande puissances, et quelques mois plus tard, en avril 1920, la toute récente Société des Nations (SDN), incluant 42 États –fondateurs, confirma lors de la Conférence de San Remo, la déclaration du Gouvernement anglais appelée « Déclaration Balfour », et confia à la Grande-Bretagne le 24 Juillet 1922 (SDN : 51 États à cette date) « Le Mandat » de la Palestine, afin de donner une réalité aux termes de la déclaration anglaise. La Palestine était constituée des actuels territoires d’Israël, de Gaza, de Cisjordanie et de Transjordanie.

Israël n’est donc pas uniquement né de la décision de l’ONU en 1947, mais aussi du vote de la SDN en 1920. On aurait pu penser que de 1922 à 1939 la Grande Bretagne aurait eu assez de temps pour créer cet État juif et permettre à une grande partie des Juifs d’Europe d’échapper à l’extermination ; la Grande Bretagne réalisa rapidement que la mise en place du mandat pouvait mettre en danger ses ambitions concernant l’ancien Empire turc, la bonne entente avec les nouveaux États arabes, les voies de communications et le contrôle des ressources pétrolières.

 

VI- LE MANDAT – Principaux articles

 

 « Article 2 : Le mandataire assumera la responsabilité d’instituer dans le pays un état de faits politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif, comme il est prévu au préambule, et à assurer également le développement d’institutions de libre gouvernement, ainsi que la sauvegarde des droits civils et religieux de tous les habitants de la Palestine, à quelque race ou religion qu’ils appartiennent. »

« Article 4 : Un organisme juif convenable sera officiellement reconnu et aura le droit de donner des avis à l’autorité administrative de la Palestine et de coopérer avec elle dans toutes questions économiques, sociales et autres, susceptibles d’affecter l’établissement du foyer national juif et les intérêts de la population juive en Palestine, et, toujours sous contrôle de l’autorité administrative d’aider et de participer au développement du pays. L’Organisation Sioniste sera reconnue comme étant l’organisme visé ci-dessus, pour autant que selon l’avis du mandataire, son organisation et sa constitution seront jugées convenables. En accord avec le gouvernement de Sa Majesté britannique, elle prendra toutes mesures nécessaires pour assurer la coopération de tous les Juifs disposés à collaborer à la constitution du foyer national juif. » 

 

 VII –COMPORTEMENT HOSTILE DE LA GRANDE BRETAGNE JUSQU’EN 1945 

 

1-De la déclaration de Lord Balfour au Mandat Britannique

Soucieuse d’étendre son Empire aux zones contrôlées par la Turquie, la Grande Bretagne tentait de susciter chez les arabes des mouvements nationalistes supposés se placer au dessus des traditionnels conflits tribaux alors que le concept occidental de nation n'est toujours que très partiellement appliqué dans la plupart des  pays arabes aujourd'hui. Au cours du premier conflit mondial, le colonel Thomas Lawrence du service d'espionnage militaire britannique attisa la révolte des Arabes et unifia leurs forces contre les turcs.

Après avoir favorisé la chute de l’Empire Ottoman en créant artificiellement des nationalismes arabes et en choisissant leurs dirigeants, la Grande Bretagne voulait en affermissant ses relations avec ces nouveaux États arabes, maintenir son contrôle sur une grande partie des territoires précédemment contrôlés par les turcs et en particulier sur les zones pétrolières et les de voies de communication. Le démantèlement de l’Empire turc au profit de la Grande Bretagne et de la France fut l’objet du traité de Sèvres de 1920.

La déclaration de Lord Balfour et le mandat confié par la SDN, devinrent une gêne pour les intérêts propres de la Grande Bretagne. Initialement destiné à créer un État juif en Palestine, le mandat semble avoir été conservé par la Grande Bretagne pour garder le contrôle de la région.

2-Hostilité de la Grande Bretagne à l’application des objectifs de son mandat et lutte contre les réfugiés juifs au cours de la seconde guerre mondiale

La grande Bretagne s’opposa progressivement à l’établissement d’un État Juif en Palestine, en contravention avec les termes de la déclaration de Lord Balfour et du Mandat. Cette opposition fut exprimée dans trois livres blancs édités en 1922, 1930 et 1939.

En 1922 le livre blanc du Gouvernement de Winston Churchill inclut son idée que la Palestine ne devait pas devenir « aussi juive que l'Angleterre est anglaise », et souhaita plutôt créer « un centre auquel le peuple juif dans son ensemble puisse, pour des raisons de religion ou de race, éprouver de l'intérêt et de l'orgueil et puisse y immigrer dans la limite de la capacité d'intégration du pays ».

L'idée d’une présence Juive était en principe maintenue, mais devenait subsidiaire à la présence arabe. Winston Churchill modifia donc unilatéralement les termes du Mandat.

La publication du Livre Blanc de 1930 fit suite aux émeutes du 21 octobre organisées par le Grand Mufti de Jérusalem, « Hadj Amin El Husseini ».  Pour la Grande-Bretagne, ces troubles n'étaient que la conséquence du développement du Foyer National Juif et signifiaient qu'il fallait réduire le nombre d’émigrants juifs et l'acquisition de terres par les juifs.

En 1937, la Grande Bretagne proposa un partage irréaliste de la Palestine comprenant des transferts de populations, entre une bande côtière, une partie de la Galilée et l’établissement d’un corridor jusqu’à Jérusalem pour permettre aux Juifs d’y accéder. Les Arabes refusèrent cette proposition. Les Anglais pouvaient ainsi prétendre en 1938, que le partage était impossible. Ils publièrent un 3e Livre Blanc le 17 mai 1939 qui consacrait les revendications des Arabes, et limitaient définitivement l'immigration Juive à 75 000 nouvelles personnes étalées sur 5 ans correspondant à la période de la guerre. Toute immigration additionnelle devait être autorisée par les autorités arabes. Cette décision ne prenait pas en compte la montée de l’antisémitisme en Europe et tout particulièrement en Allemagne et allait faire peser sur la Grande Bretagne une lourde responsabilité.

L'effet des persécutions nazies en Europe fut amplifié par le refus des Anglais d'autoriser l'immigration juive en Palestine. L’agence Juive fut contrainte à organiser une immigration clandestine et donc limitée appelée « Alyah Bet » ou «Ha’apala» et les anglais y réagirent en annonçant leur intention d’arrêter et de déporter les réfugiés juifs clandestins. Ainsi en1942, le navire « Struma » coula avec ses 768 réfugiés d’Europe après avoir été repoussé au large de la Palestine par les Anglais.

 3-Début du partage unilatéral de la Palestine par la Grande Bretagne

La Grande Bretagne avait soutenu la révolte arabe de 1916 contre les autorités turques menée par le Chérif Hachémite de la Mecque Hussein Ibn Ali. Au titre de ses liens avec Hussein Ibn Ali, la Grande Bretagne décida unilatéralement en 1921 de confier les trois quarts du territoire objet de son Mandat, c'est-à-dire la Transjordanie ou l’actuel Royaume de Jordanie à l’un de ses quatre fils, l’Émir Abdallah. De la même façon, elle confia le Royaume d’Irak (hors du Mandat) à un autre de ses fils, Fayçal, après avoir tenté de lui donner la Syrie.

La Transjordanie dont la superficie est de 89 342 km2 représentait 76% du territoire objet du mandat d’une superficie totale de 117 634 km2.

Les anglais prirent donc une initiative unilatérale majeure en 1921 en ce qui concerne le partage de la Palestine. Ils jouèrent de l’article 25 du mandat qui leur donnait une certaine liberté sur la Transjordanie sous réserve de l’accord du Conseil de la SDN. Ils donnèrent "une apparente" indépendance à la Jordanie en 1945.

 

VIII - DIVERGENCES AVEC LES ANGLAIS AVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 

« L'Union Mondiale des Sionistes révisionnistes » fut créée en août l925, par Vladimir Jabotinsky ; Il désirait obtenir, par une immigration massive en Palestine une majorité juive et sur les deux rives du Jourdain pour y établir un grand État juif.  En 1935 les Révisionnistes, c'est-à-dire les "extrémistes", se retirèrent de l'Agence Juive dont le rôle était au delà de l'organisation de l'immigration, l'administration du Yichouv (population juive de Palestine) et créèrent la NZO (Nouvelle Organisation Sioniste). Vladimir Jabotinsky appelé alors Zeev Jabotinsky fut le leader le l’ultra extrémisme ; il avait pour Mussolini une certaine admiration et s’inspira clairement du fascisme pour créer son organisation paramilitaire. Les idées d’extrême droite de Vladimir Jabotinsky étaient en opposition à celles du mouvement socialiste ouvrier prédominant à l’agence juive. L’opposition au sionisme officiel fut si grande que les extrémistes furent soupçonnés d’avoir organisé ou inspiré l’assassinat en 1933 de Haïm Arlozoroff. Haïm Arlozoroff était un dirigeant socialiste sioniste, membre du bureau politique de l’Agence Juive jugé par les extrémistes trop ouvert à la négociation avec les anglais. Yitzhak Rabin pourrait être alors le second leader juif après Haïm Arlozoroff, à avoir été assassiné sous l’influence de l’extrême droite.

En 1931, l’Irgoun Tsvaï Leoumi appelée « ETZEL» אצ"ל ou Irgoun c'est à dire l'organisation militaire nationale fut créée après sa scission avec la Haganah - הגנה, organisation juive de défense qui était jugée insuffisamment agressive et représenta à partir de cette scission la force de défense contrôlée par l'Agence Juive.  Les actes de violences terroriste de l’Irgoun détériorèrent plus qu’ils ne l’étaient déjà les relations entres Juifs, Anglais et arabes. L’opposition entre extrémistes et autorités Sionistes officielles continua même après l’indépendance puisqu'en Juin 1948 l’armée israélienne coula, sur instruction de David Ben Gourion, le navire "Altalena " que l’Irgoun continuait d’utiliser pour importer ses armes.

 

 IX-SHOAH

 

Il est utile d’avoir en mémoire les chiffres de la Shoah, pour comprendre la force de l’antisémitisme en son point culminant. La Shoah est unique par la haute performance exterminatrice dont le résultat fut la mort d'environ 63% de la population juive européenne ; ce paroxysme fut malheureusement nécessaire pour que les nations prennent enfin la décision de partager la Palestine.

Dans 9 pays européens sur les 20 recensés, l’extermination s’est située entre 69% et 96%. Les pays d’Europe Centrale et Orientale : 10 pays sur 20 recensés, ont compté 5 400 000 victimes, soit 90% de l’ensemble des victimes car 84% de la population juive européenne vivaient en Europe centrale et orientale. Dans beaucoup de pays Europe occidentale les victimes furent moins nombreuses, mais représentèrent une part importante de la population Juive de chacun d’eux.

 

 Stat shoah

 

 

X- DIFFICILE NAISSANCE D’ISRAEL

 

1–CONTINUITE DE L'HOSTILITE DE LA GRANDE BRETAGNE JUSQU'EN 1949 MALGRE LA SHOAH

Abdallah, originaire de la Mecque fut couronné Roi de Jordanie en mai 1946. Officiellement la Grande Bretagne ne régnait plus sur la Jordanie depuis 1945 mais en garda un contrôle grâce au traité anglo-jordanien qui prit fin en 1956.

Ce traité permettait à la Grande Bretagne de garder des bases militaires, et d’avoir le contrôle de l‘armée Jordanienne appelée         « Légion Arabe » en en assurant de fait son commandement. La grande Bretagne avait créé l’armée Jordanienne en 1923 et son commandement fut assuré jusqu’en 1956 par le Lieutenant-Général anglais Sir John Bagot Glubb (1897-1986) surnommé   « Glubb Pacha. »

Il est donc intéressant de noter qu’au moment où les troupes anglaises quittaient Israël en mai 1948, le Lieutenant-Général anglais Sir John Bagot Glubb et sa légion arabe se préparait à l'envahir. Sir John Bagot Glubb et le tout nouveau Roi Abdallah réussirent en partie leur offensive en conservant un territoire additionnel de la Palestine "la Cisjordanie" et l’Est de Jérusalem. Après l’armistice du 3 avril 1949, Abdallah donna à la réunion de la Transjordanie et de la Cisjordanie du Jourdain le nom de Royaume Hachémite de Jordanie.

 

REPARTITION ACTUELLE DU TERRITOIRE SOUS MANDAT BRITANNIQUE

PALESTINE

KM2

%

JORDANIE

  89 342

76.0

ISRAEL

  22 072

18.7

CISJORDANIE

   5 860

   5.0

GAZA

     360

  0.3

TOTAL

117 634

100

 

 

 

 

 

La révélation de la Shoah rendit scandaleuse le maintien de la politique anglaise de déportation et de persécution des survivants juifs tentant de se réfugier en Palestine. Parmi ces scandales figurèrent l’épisode du navire Exodus en Juillet 1947 dont les passagers furent renvoyés en Allemagne par les anglais.

Le 29 novembre 1947, l'ONU accepta le partage de la Palestine entre un État Juif et un État arabe par 33 voix contre 13 et 11 abstentions.

Après ce vote la Grande-Bretagne continua à semer le trouble dans la région jusqu’au terme de son mandat 6 mois plus tard :

  • Par son influence sur la Légion Arabe de Jordanie
  • en continuant à limiter l’immigration Juive 
  • en refusant de céder ses pouvoirs à une Commission de l'ONU
  • en refusant d'ouvrir un port juif
  • en refusant de détacher la Livre palestinienne de la Livre britannique

L’indépendance de l’État fut proclamée le 14 mai 1948, à la veille de l’échéance du mandat britannique. La Grande Bretagne pourtant mandatée pour mettre en place la partition de la Palestine depuis 1922 de la Palestine s'est pourtant abstenue de voter le 29 novembre 1947 pour réaliser enfin la partition dont elle avait été chargée et attendit jusqu’au 29 janvier 1949 pour reconnaître Israël.

Dans les jours suivants la proclamation de l’indépendance de l’État d’Israël, la légion arabe de Jordanie commandée par Sir Glubb se joignit aux armées d’Égypte, de Syrie et d’Irak pour mettre fin à l'existence d'Israël qui ne comptait que 650 000 habitants.

Le 7 janvier 1949, des chasseurs israéliens abattirent au dessus du Sinaï cinq Spitfires pilotés par des militaires anglais et démasquèrent ainsi clairement l'action cynique du Gouvernement britannique.

La gestion exécrable du mandat sur la Palestine par les britanniques surtouts préoccupés par leurs intérêts, n'aboutit qu'à la guerre et au désordre généralisé au Moyen Orient.

 

 2-LA POSITION EQUIVOQUE DES ETAT UNIS

Les États Unis influencés par l'isolationnisme, n'entrèrent en guerre contre le Japon et par conséquent contre l'Allemagne qu'après l'offensive japonaise massive sur Pearl Harbour en décembre 1941 ; malgré leur slogan "l'Europe d'abord" ils concentrèrent un effort particulier dans la zone pacifique. La principale opération américaine en Europe continentale fut la lente et pénible opération Overlord du 6 juin 1944 alors que la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie était incontournable. L'entrée en guerre comme l'entrée en action directe des États Unis en Europe continentale aura été particulièrement tardive laissant l'URSS seule face à l'Allemagne nazie sur les champs de bataille.

Les demandes de Jan Karski pour une intervention d'urgence afin d'arrêter la Shoah, auprès des gouvernements britannique et américain, de Franklin Roosevelt directement et auprès d'autres autorités nationales et médias n'auront abouti à aucun résultat. Aucune mesure militaire ne fut prise pour ralentir le génocide en cours qui n'était apparemment pas considéré comme une priorité particulière.

Malgré la découverte du génocide du peuple juif le comportement des États Unis fut inqualifiable en 1947 et 1948 : En 1947 les États Unis ne reconnurent Israël que "de Jure" et non pas "de facto" comme l'URSS et en 1948 alors qu'Israël fut menacé de destruction par quatre États arabes, les États Unis décrétèrent un embargo sur les armes et les volontaires contre Israël alors que les États arabes continuaient à être armés en particulier par la Grande Bretagne. Le comportement de la Grande Bretagne et des États Unis peut être considéré comme une participation "dans les faits consciemment ou inconsciemment" à l'extension du risque d'extermination des Juifs après la guerre. Le FBI fit preuve d'une grande efficacité pour qu'aucune arme ou aucun volontaire n'arrive en Israël ; quelques armes américaines arrivèrent en contrebande et 2 000 volontaires américains arrivèrent dans la clandestinité en infraction avec la règlementation américaine.

Israël avait acquis 84 avions principalement Tchécoslovaques mais manquait de pilotes. Les deux tiers des pilotes étaient des américains clandestins ayant joint le Mahal -Volontaires de l'étranger (מח"ל = מתנדבי חוץ לארץ ). 

 

Les discours américains et anglais doivent être compris en tenant compte du pragamtisme qui caractérise ces nations c'est à dire en s'en tenant uniquement à la réalisation des actes qui devraient en découler. L'embargo de 1948 comme l'emprisonnement sans fin de Jonathan Pollard sont des signes d'hostilité et les suggestions américaines concernant le processus de paix et destiné à leur électorat, doivent être considérées avec précaution.

 

3-LE SOUTIEN VITAL DU BLOC COMMUNISTE

La victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie a mis un terme au fascisme en Europe et à la Shoah permettant de sauver 37% de la population juive d'Europe soit 3 600 000 personnes sur 9 600 000. Cette victoire a été dignement consacrée en 2012 en Israël par le "Monument de la Victoire" à Natanya et qui souligne par contraste l'ingratitude des pays européens.

L'URSS a apporté un soutien franc et sans équivoque à l'indépendance d'Israël en raison de la Shoah, du caractère jugé progressiste d'Israël dans une région aux mains des forces britanniques et des régimes arabes réactionnaires.

Andrei Gromyko, ministre des affaires étrangères de l'URSS, a soutenu le vote pour l'indépendance à l'ONU et a indiqué en 1947 que l'occident avait été incapable d'assurer la sécurité du peuple juif. La reconnaissance d'Israël par l'URSS a été faite pleinement "de Jure" et non d'une façon minimaliste et honteuse "de facto" comme celle des États Unis. Tous les pays du bloc soviétique reconnu par l'ONU ont voté pour l'indépendance d'Israël : URSS, République populaire de Pologne, République Socialiste Soviétique d'Ukraine, République Socialiste Soviétique de Biélorussie et Tchécoslovaquie.

L'URSS avait fourni une aide militaire à Israël mais le fournisseur le plus marquant aura été la Tchécoslovaquie. Les livraisons d'armes suivirent quatre itinéraires à l'intérieur du bloc communiste :

  1. 1.     La Pologne puis la mer Baltique
  2. 2.     La Hongrie, la Yougoslavie, puis la mer Adriatique
  3. 3.     La Hongrie, la Roumanie puis la mer noire
  4. 4.     La Yougoslavie puis Israël par la voie aérienne

En mai 1948, 30 000 fusils tchécoslovaques, 4 400 mitrailleuses et 47 millions de munitions avaient été livrés. Des volontaires juifs vétérans de la guerre ont suivi un entrainement dans quatre bases militaires tchécoslovaques en août 1948 avant d'être envoyés en Israël.

84 avions furent livrés par la Tchécoslovaquie : Avia S.199, Spitfire et Messerschmitt.

Selon les services secrets britanniques la Tchécoslovaquie aurait livré en 1948 plus de 28 millions de dollars d'armes à Israël. La Tchécoslovaquie livra des Spitfires à Israël jusqu'en 1951 en utilisant le port polonais de Gdansk.

Plus de 200 000 émigrants arrivèrent des pays de l'Est à cette époque et renforcèrent l'armée israélienne.

En 1951 cette coopération s'arrêta à la suite d'une crise paranoïaque et meurtrière de Staline qui mourut heureusement deux années plus tard.

 

 XI –CONCLUSION : Les Responsabilités de l’Europe

 

La renaissance d’Israël est en grande partie due l’obstination antijuive bimillénaire des pays européen. Dès 1920, la SDN avait dû constater la réalité de ces faits et se résigner à admettre la nécessité de créer un foyer national juif et cela bien avant la Shoah. Le mandat de la SDN fut utilisé par la Grande Bretagne pour ne servir que ses intérêts et créer le désordre au Moyen Orient.

Ainsi ce mandat qui aurait dû éviter la Shoah s’il avait été mené à terme en moins de 18 ans, a eu paradoxalement besoin de la Shoah pour finalement être exécuté dans la précipitation par l'ONU.

Pour atteindre ses objectifs la Grande Bretagne aura insufflé aux arabes un nationalisme occidental inadéquate, fondé sur de nouveaux états artificiels à l'intérieurs de frontières dessinées à la hâte et dont elle aura importé les dirigeants. Ses objectifs correspondaient à une conception du colonialisme fondée sur l’unique exploitation économique et en particulier sur celle du pétrole. Jusqu’au dernier moment, la Grande Bretagne aura repoussé à la mer les survivants de la Shoah, comme elle fit déjà en 1905 avec ceux des Pogroms lorsque Lord Balfour avait promulgué la Loi contre les étrangers.

L’objectif du Mandat était in fine d’éviter des drames tels que celui de la Shoah ; en 17 ans jusqu'à la déclaration de guerre la Grande Bretagne n'aura pas jugé utile de créer le foyer national juif qui aurait pu éviter le drame de la Shoah. C'est malheureusement la Shoah qui aura permis d'achever dans la hâte et trop tard le Mandat sur la Palestine suivi d'une guerre et de désordres graves ; tous ces évènements constituent une faute impardonnable de la Grande Bretagne.

Le vote de l’ONU de 1947 a permis à beaucoup de Nations de se racheter une bonne conscience bien que les alertes sur le processus en cours de la Shoah n’avaient pas suscité de réactions pendant la guerre. De plus la Grande Bretagne comme les États Unis ont mis Israël en 1948 dans une situation qui aurait dû aboutir à sa destruction et donc à la continuation de fait de la Shoah si l'URSS et les pays communistes n'étaient pas intervenus pour sauver Israël.

Déjà la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie avait permis de sauver 37% des Juifs d'Europe. L'Allemagne nazie avec l'aide la plupart des pays d'Europe continentale sous contrôle fasciste avait conduit à la mort de 63% des Juifs européens constituant ainsi la plus grande victoire de l'antijudaïsme en Europe. Cette victoire ternit à jamais l'image de l'Europe qui montre un goût persistent pour la fange antisémite et certaines institutions européennes remettent en cause aujourd'hui le caractère unique de la Shoah et prêtent l'oreille à un remaniement de l'Histoire suggéré par des pays marqués par des traditions antijuives durables.

Le comportement de l'Europe jusqu'en 1945 et la soudaine remontée de l'antijudaïsme européen aujourd'hui, comme l'embargo américain en 1948 et l'embargo français en 1967 disqualifient l'ensemble de ces pays à pouvoir jouer un rôle quelconque dans le processus de paix au Moyen Orient. Le processus de paix doit de toutes les façons être conditionnel à l'arrêt de l'antisémitisme dans toute l'Union Européenne dont ceux de l'Est qui semblent souffrir de l'absence de repères moraux depuis la chute du communisme.

Le comportement immoral de l'Europe a transformé en quelques années le peuple juif majoritairement européen en un peuple principalement réparti après extermination et fuite des survivants, entre les États Unis et Israël. 10% de la population juive mondiale seulement vit en Europe contre près de 74% en 1880.

 

REPARTITION DE LA POPUALATION JUIVE DANS LE MONDE

Chiffres arrondis et approximatifs :

REPARTITION DE LA POPULATION JUIVE DANS LE MONDE

Chiffres arrondis

1880- Estimation

1939

2010

EUROPE

12 100 000

74%

9 600 000

59%

1 425 000

10%

ISRAEL

négligeable

0

500 000

3%

5 700 000

42%

ETATS UNIS

3 000 000

18%

5 000 000

30%

5 275 000

39%

AUTRES

1 300 000

8%

1 300 000

8%

1 300  000

9%

TOTAL

16 400 000

100%

16 400 000

100%

13 700 000

100%