Géopolitique-Conclusion
IX -CONCLUSION GENERALE
1. Les Etats Unis et la Chine génèrent seuls 35.4% du PIB de la planète et les autres 191 pays le reste.
2. Quatorze pays: Etats Unis , Chine, Japon, l'Allemagne, France, Brésil, Royaume Uni, Italie, Russie, Canada, Espagne, Australie, Mexique et Corée du Sud, génèrent ensemble un PIB de 55 924 milliards de dollars soit 75.1% du PIB planétaire et ne représentent que 2667 millions d'habitants soit 38% de la population mondiale (PIB moyen per capita 20 968 dollars). Les autres 179 pays du monde n'engendrent qu'un PIB de 18 536 milliards de dollars , soit 24.9% du PIB mondial et représentent pourtant 4 355 millions d'habitant soit 62% de la population mondiale (PIB per capita moyen: 4 256 dollars soit 21.9% de celui des 14 pays)
3. Seuls cinq de ces quatorze pays ont une force de dissuasion crédible sur la scène internationale: Les Etats Unis, la Chine, La France, le Royaume Uni et la Russie, mais seules les deux principales puissances mondiales ont un budget de la défense qui leur permet de se faire entendre individuellement. Le budget de la défense de la France qui est le plus élevé d'Europe et équivalent à celui de la Russie, ne représente que 10.5% de celui des Etats Unis.
4. Les trois premiers pays Etats Unis, Chine et Japon ont des indices GINI (distribution des revenus) et des taux de prélèvements particulièrement bas.
La distribution des revenus dans ces trois pays est très inégale et leurs gouvernements ne se donnent pas les moyens budgétaires d'améliorer cette situation. La population sous le seuil de pauvreté des Etats Unis , de la chine et du Japon est en conséquence élevée, soit respectivement 15.1%, 13.4% et 16% de leur population. L'insuffisance des ressources budgétaires nationales dans des pays hautement capitalistes dans lequel l'Etat intervient peu comme les Etats Unis et le Japon engendrent des déficits budgétaires substantiels et des dettes publiques conséquentes auxquels la Chine a échappé.
5. Nous pouvons constater par ailleurs que 76% de la population de la planète répartie sur 62.3% des pays, souffrent d’une répartition très inégalitaire des revenus. L’équilibre social de plus des trois quarts de la planète est donc en cause; il ne s’agit pas là d’un problème uniquement économique mais d’éthique et de justice sociale. Ce déséquilibre est aussi rendu possible par le modèle unique de développement que l'on veut imposer.
Les tranches les plus équitables de distribution du revenu (de 23% à 35.5%) sont le domaine privilégié des pays européens; ils regroupent trente cinq des quarante et un pays européens dont vingt quatre des vingt sept pays de l’Union Européenne.
Dix neuf des vingt et un pays de la meilleure tranche de l'index Gini inférieur à 30%, sont européens et douze d'entre eux appartiennent à l’Union européenne. Toutefois ces douze pays (44% des pays de l'Union Européenne) sont à l'exception de l'Allemagne des petits pays et ne représentent que 27% de la population de l'Union Européenne.
6. De nombreux médias se concentrent sur les pays les plus riches et sur la problématique de leur économie sans tenir compte des très substantielles disparités planétaires. Les informations semblent choisies pour leur effet d'annonce sur une audience particulière et participent probablement à la création d'un monde médiatique virtuel éloigné du réel.
7. L' importance majeure donnée au PIB et surtout à sa croissance en raison de la fuite en avant qu'implique le modèle économique unique des pays riches est fondé sur des profondes injustices mondiales sans lesquelles il n'est pas viable. La pauvreté est même considérée par les quelques pays riches de la planète comme "commercialement" déloyale lorsqu'elle remet en question les privilèges des entreprises à court de créativité de ces pays.
La généralisation du modèle économique des pays riches devrait, afin de procurer un PIB per capita égal à la moyenne de celui des Etats Unis, du Japon, de l'Allemagne et de la France, générer une production mondiale 4.25 fois plus élevée que celle de 2011 et près de 5 fois plus élevé en 2020 compte tenu de la croissance démographique.
Cette croissance ne semble pas réaliste puisque la planète est semble-t-il aujourd'hui, proche de son niveau de tolérance maximal à l'activité économique humaine.
8. La dépendance des économies des démocraties à l'égard du pétrole qui est une ressource limitée et très polluante, donne un pouvoir disproportionné aux dix sept pays producteurs et exportateurs-nets d'autant plus gênant que quinze d'entre eux sont des dictatures, des monarchies absolues et au mieux des démocraties perverties ou très instables . Chaque pays producteur, seul ou en association, a une influence sur le cours du pétrole qui peut être dévastatrice pour les économies des démocraties.
9. Les pays riches font grand cas de la dette publique mais elle ne concerne qu'eux. Dix huit pays sont surendettés (dette supérieur à 60% du PIB) sur 193, qui concentrent 75.7% de la dette publique mondiale et ne représentent que 13.9% de la population de la planète. Ces dix huit pays ont un PIB per capita moyen de 39 978 Dollars contre 10 604 dollars pour le reste du monde.
L'Union Européenne qui ne représente que 7.2% de la population mondiale est débitrice de 29.5% des dettes publiques des Etats de la planète.
Ces pays riches devraient rectifier leur situation en augmentant d'abord leur part de prélèvements rapportée au PIB et en l'appliquant de façon équitable pour améliorer la solidarité entre les citoyens en aboutissanr à une meilleure distribution des revenus
10. Pour maintenir leur niveau économique, les pays riches devraient concentrer leurs efforts sur le développement des nouvelles industries à haute valeur ajoutée à la hauteur du niveau d'éducation que ces pays prétendent avoir.
Les licenciements, délocalisations et attaques contre les acquis sociaux sont des moyens pour les entreprises des pays riches de sauvegarder le rendement d'un processus de production qu'elles ne savent ni améliorer et ni renouveler.
Les pays riches sont aussi tentés de protéger les privilèges de leurs entreprises en utilisant le protectionnisme en prétextant que la pauvreté est commercialement déloyale.
Le repli protectionniste devrait réduire le pouvoir d'achat dans les pays riches comme dans les pays concurrents pauvres.
Les pays riches devraient au contraire participer à l'amélioration de la condition de vie des travailleurs pauvres des pays exportateurs en exigeant avant toute transaction des audits sociaux complets , fiables et satisfaisants.
11. La crise actuelle reflète le caractère inadéquate du capitalisme inadaptable aux conjonctures trop changeantes et requiert un retour au rôle accru de l'Etat qui ne peut plus réduire son rôle à des mesures incitatives dont le résultat n'est absolument pas garanti, mais devrait intervenir directement au sein des principales entreprises pour protéger les citoyens contre les troubles à l'ordre public que celles-ci peuvent engendrer.
Ce contrôle de l'intérieur est particulièrement pressant en ce qui concerne les Banques en raison de l'inefficacité du contrôle par les Banques centrales, des retentissements des erreurs de jugement des Banques et parfois des malversations qu'elles ne maîtrisent pas, sur l'ensemble de l'économie.
L'activité bancaire n'est pas une activité commerciale normale qui peut être laissée à l'initiative privée.
12. La course à la croissance économique n'est ni réaliste, ni juste car elle offre essentiellement du bien-être à quatorze pays sur cent quatre vingt treize.
Nous devons redéfinir les vrais besoins et y répondre par une production appropriée de bien durables qui nous mettrait à l'abri de la course à croissance et serait en conséquence plus facilement généralisable.
Actuellement le modèle unique imposé de développement non généralisable et nécessairement fondé sur le maintien des inégalités entre les pays, est une forme de néo-colonialisme.
13. La recrudescence des religions d'Etat ou l'accroissement des Etats dominés par les religions est une impasse pour les citoyens de ces pays qui ont des besoins réels qui requierent une attitude rationnelle et ne peuvent pas se contenter de l'espoir de vivre mieux après la mort en s'attachant à des mythologies d'un autre âge.
Cette approche obscurantiste est regrettable car elle justifie tout, l'intolérance , la violence, l'inégalité entre le citoyens, la discrimination entre les femmes et les hommes au nom des certitudes hasardeuses de quelques uns et semble être la marque d'un recul de la civilisation.
14. L'Union Européenne, en tant que telle, ne remet pas en cause la prédominance des deux grandes puissances puisqu'elle n'est ni une nation, ni véritablement une fédération.
L'Union Européenne qui n'a pas de force de dissuasion propre est de fait intégrée à l'OTAN (vingt un des vingt sept pays de l'Union Européenne sont des membres de l'OTAN) dont les Etat Unis sont la puissance largement dominante avec un budget militaire représentant 64% des budgets militaires de tous les membres de l'OTAN.
L'Union Européenne n'est donc pas une grande puissance et apparaît être plutôt une association de pays centrée sur l'économie et solidement ancrée à droite.
L'Union Européenne a semble-t-il de grandes difficultés à imposer l'éthique dont elle se réclame parmi ses propres états-membres; ainsi la Présidence du Conseil de l'Union Européenne a pu être assurée de Janvier à Juin 2011 par une quasi-dictature dirigée par un des vices présidents du plus grand parti européen (PPE).
Compte tenu des la conscience politique et identitaire des populations de chaque Etats-membre, un trop grand transfert de pouvoir politique à une autorité supranationale amènerait l'ensemble des pays Etats-membres à devoir subir une politique doctrinaire de droite. Les forces en présence dans l'Union Européenne sont reflétées par la composition actuelle du Parlement Européen qui comprend 63% de Conservateurs pour seulement 37% de progressistes et par celle du Conseil de l'Union Européenne dont 69.6% des voix sont détenues par de conservateurs et seulement 20% par des progressistes.
15. L'ancrage à droite de l'Union Européenne et la versatilité de son éthique ont été notamment illustrés par la déclaration du Parlement Européen du 23 septembre 2008, qui en relayant la déclaration de Prague du 3 juin 2008, a donné sa caution à une réécriture de l'Histoire opacifiant l'ampleur des crimes nazis au détriment de leurs victimes pour dramatiser celles du communisme.
La proposition de commémorer le souvenir des victimes du nazisme et du communisme, le jour anniversaire de la signature du précaire et stratégique accord Ribbentrop-Molotov auquel on veut donner un sens qu'il n'a pas, est outrageante pour la mémoire des victimes du nazisme.
Les accords de Versailles, de Riga , de Yalta et les honteux accords de Munich été laissés de coté de façon surprenante.