DESORDRE POLITIQUE ET INSECURITE EN ISRAEL

DESORDRE POLITIQUE ET INSECURITE EN ISRAEL

 Didier BERTIN -7 novembre 2023

I- LA MONTEE DU POPULISME

             Nous avions publié le 30 mai 2023 dans le Times of Israel un article décrivant le démantèlement du foyer national juif « tel que le Sionisme l’avait conçu et bâti » et cela par l’action du Likoud aggravée par le rôle délétère et rémanent de Netanyahou. Netanyahou s’est accroché au pouvoir pour ne pas faire face à la justice dans des affaires personnelles de corruption et cela l’a amené à former une coalition là où il le pouvait c’est-à-dire avec l’extrême droite populiste. Aujourd’hui Israel et le judaïsme mondial paient malheureusement le prix de ces manœuvres. Netanyahou a voulu mettre en cause la démocratie israélienne en tentant d’affaiblir le rôle de la Cour Suprême, pour permettre à la fois aux religieux d’imposer leur loi, et aux colons d’étendre leur territoire.  Netanyahou avait même voulu nommer un vice premier ministre (Dery) qui avait échappé à une lourde condamnation pour corruption parce qu’il s’était engagé à sortir de la vie politique.

Une démocratie n’est pas seulement définie par le suffrage universel mais par la mise en place préalable d’un système qui la protège des erreurs de ses dirigeants et même de celles du suffrage lorsque la population a été trompée. En mettant en cause les prérogatives de la Cour Suprême pour pouvoir faire passer des « lois déraisonnables », Netanyahou a voulu porter atteinte à la démocratie israélienne. Le président Joe Biden dont le pays est le véritable garant de la sécurité d’Israel, l’avait pourtant mis en garde et refusé de le recevoir tant que ce projet n’était pas abandonné.

Le principe de protection de la démocratie contre les erreurs de ses citoyens avait été déjà mis en place dans l’antique République d’Athènes et l’ostracisme (dix années de bannissement) était une condamnation contre ceux qui aspiraient à trop vouloir garder le pouvoir.

Netanyahou a trompé la population en l’assurant qu’il était seul capable de garantir la sécurité d’Israel alors qu’en même temps il consolidait la position du Hamas à Gaza en facilitant de larges transferts d’argent en leur faveur venus de leurs amis du Qatar.

Pour former sa majorité il s’est allié à des personnages douteux comme Smotrich dont le but est de coloniser la totalité de la Cisjordanie. Il existe déjà près de 475 000 colons aujourd’hui en Cisjordanie où la plupart des colonies ont été autorisées. Netanyahou s’est aussi allié avec Goldknopf qui voudrait remplacer la démocratie Israélienne par une Théocratie similaire à celle qui régit les pays musulmans. 

Le foyer national juif issu du mouvement sioniste avait un caractère socialiste et laïque que ces partis populistes détruisent au point qu’il devient inabordable et invivable pour que de modestes juifs laïques puissent s’y réfugier.

La religion peut inspirer des traditions, des références, mais c’est la vie en Diaspora qui a inspiré le sionisme « hors du champ religieux ». La religion n’est qu’une conviction issue de l’irrationnel alors que le sionisme a visé à sauver rationnellement des vies et pas seulement des âmes. Les théocraties sont des dictatures de la foi qui ne reconnaissent pas les droits fondamentaux des Hommes. Le judaïsme est une identité, une solidarité, une nationalité et pour certains seulement une religion. « La Shoah a à la fois renforcé l’identité juive et malheureusement écarté toute idée de protection divine ».

Netanyahou a fait d’Israel un pays où les prix à la consommation sont très élevés et où l’accès à la propriété a atteint des records sans relation avec la rémunération médiane des citoyens. Les plus démunis doivent habiter dans les zones les plus dangereuses (sud et nord d’Israël loin des zones d’activité à haute valeur ajoutée). Ils arrivent même que des familles modestes doivent habiter dans les colonies de Cisjordanie parce qu’Israel est devenu trop cher.

II- OBJECTIF DE NETANYAHOU

Afin de favoriser son électorat le plus fanatique qui veut s’étendre sur toute la Cisjordanie, Netanyahou a volontairement affaibli l’Autorité Palestinienne en renforçant le Hamas avec l’aide du Qatar comme nous l’avons mentionné. De plus   le Hamas bénéficie aussi de fonds de l’Iran et de l’Union Européenne détournés en grande partie au profit de son action terroriste et de ses leaders. Mahmoud Abbas n’a de fait plus aucun pouvoir et sa corruptibilité, les primes qu’il offre aux terroristes et son négationnisme ne font plus de lui l’homme de la situation pour agir au bénéfice des palestiniens.  Il n’y a plus eu d’élections dans aucun des territoires palestiniens depuis 2005 pour éviter la montée du Hamas. Le Hamas avait exécuté à Gaza tous les leaders de l’OLP. Netanyahou pensait avoir résolu le problème palestinien à Gaza en y renforçant le Hamas (dont le but est pourtant la destruction d’Israel), afin d’affaiblir l’OLP. Netanyahou a donc accru consciemment l’insécurité en Israel en vendant électoralement l’argument contraire.

III-ACTION TERRORISTE DU HAMAS JUSQU’A 2023

L’objectif premier du Hamas a donc toujours été l’expulsion des juifs de toute la Palestine et afin de le réaliser, il a bâti au cours des dernières années avec les fonds destinés aux civils palestiniens, une forteresse souterraine comprenant 500 km de voies et d’espaces de stockage parfois jusqu’à 60 mètres de profondeur. Cette forteresse comprend de gigantesques entrepôts d’armes, de pétrole, de roquettes et même une usine de roquettes ; ce lieu est destiné à protéger les terroristes car selon le Hamas la protection des civils palestiniens est le domaine de l’ONU. Les entrepôts stratégiques se situent sous les bâtiments des civils afin qu’ils servent de bouclier humain. Cette conception ne pose aucun problème moral au Hamas car la grandeur et le bonheur viennent après la mort car leur paradis céleste offre tous les avantages sensuels du bonheur terrestre.

Le Hamas lance de très nombreuses roquettes sur Israel toujours plus loin et avec plus de précision désorganisant le pays et mettant en grand danger les habitants les plus modestes vivant près de la bande de Gaza.

Israel aurait dû détruire cette forteresse mais cela aurait peut-être affaibli le Hamas et renforcé l’OLP. Israel a choisi de faire le dos rond en adoptant « le très coûteux dôme de fer » de façon permanente alors que pour tout pays agressé il n’aurait dû représenter qu’une solution transitoire.

IV- L’ECHEC DU DOME DE FER

L’envoi d’un nombre croissant de roquettes sur Israel mettait de plus en plus à l’épreuve l’efficacité du dôme de fer dont le fonctionnement est particulièrement coûteux.

En janvier 2023 nous avons pu voir sur Russian TV les profonds souterrains, les stocks d’armes et entendre les terroristes prétendre se préparer à la grande bataille contre Israel.  L’Egypte et le Shin bet auraient alerté Israël du danger à venir, mais Netanyahou devait avoir une plus grande confiance envers les bienfaits du Qatar à Gaza.

Pour ébranler l’ensemble du peuple juif et mettre en cause l’idée même d’un foyer national juif « protecteur », le Hamas a déclenché le 7 octobre 2023 un Pogrom d’une violence pathologique extrême. Ce Pogrom ne s’est pas limité au massacre de 1400 juifs mais a dépassé toutes les limites de la violence sadique sorties du cerveau des pires psychopathes : Assassinat de nourrissons, éventration de femmes enceintes, autodafés d’enfants, égorgements, décapitations…et enlèvements d’otages.  

Mais nous devons inclure parmi les victimes de ce pogrom environ 300 soldats massacrés entre le 7 et le 9 octobre parce qu’en nombre insuffisant.  Le nombre des victimes du Pogrom est d’environ 1700 morts et pas 1400 et celui des enlèvements d’environ 240 dont on ne peut garantir le sort.

Après l’effroi mondial contre cette horreur, les mesures de rétorsion d’Israel contre Gaza ont rapidement entrainé un mouvement de sympathie pour les éternelles victimes des méchants juifs. L’antisémitisme a pris le pas et cela surtout chez les musulmans qui suivent dans ce sens les directives du Coran. C’était là sans doute le but recherché et atteint par le Hamas.  

V-LA RESPONSABILITE DE NETANYAHOU DANS CE DRAME

Alors qu’une très grande partie de l’armée était concentré en Judée Samarie pour protéger les colons, électeurs de Netanyahou environ 300 soldats étaient chargés de garder la frontière de Gaza où se trouvait environ 30 000 terroristes. Comme nous l’avons dit ces soldats ont été massacrés et « le Hamas a déclaré à ce qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi facile d’entrer en Israel et que son armée s’écroule si vite ».

La perte de ces 300 soldats est liée au Pogrom et ne doit pas être incluse dans celles de l’opération « Epée de fer » menée actuellement à Gaza. Les investigations qui seront menées contre le gouvernement israélien pour avoir été incapable de protéger la population doivent inclure les civils et les militaires abandonnés à leur sort. Il aurait fallu allumer 1940 bougies le 7 novembre 2023 pour les victimes civiles, militaires et les otages.

L’armée israélienne d’active s’élève à 165 000 soldats environ en dehors des militaires de réserves de l’ordre de 450 000 personnes.  Ceci signifie que seulement 0.2% de l’armée d’active était chargée de surveiller la frontière avec Gaza.

Cette grave décision lourde de conséquences peut être liée à des considérations électorales doit faire l’objet d’investigation et de très graves sanctions. En tous les cas trop de soupçons pèsent sur Netanyahou qui dans ce cas doit démissionner.

VI- NECESSITE DE CONSTITUER UN GOUVERNEMENT PROVISOIRE

Dans l’attente de la fin de la crise à Gaza et d’une réorganisation législative d’Israël qui produirait des gouvernements stables et modérés selon les critères d’une démocratie occidentale et moderne, il serait souhaitable que Benny Gantz assume pour une période limitée le rôle de premier ministre et que la Knesset soit dissoute. Son expérience militaire garantirait la sécurité dont Israel a besoin en toute priorité. La réorganisation des institutions israéliennes pourrait être faite avec le concours des plus grandes démocraties occidentales dont les USA (Chambre basse, Chambre haute, Conseil Constitutionnel, Cour Suprême, Cour de Justice de la République…).