GUERRE RUSSE DENAZIFICATION?

La guerre !  Implacable révélateur de la nature humaine !

La présente guerre de colonisation russe  en Ukraine et la  dénazification

Didier Bertin – 28 mars 2022

I-Point commun de l’empire tsariste russe avec le nazisme : l’antisémitisme

Dans l’empire russe les juifs devaient vivre dans une  « zone limitée de résidence » et avaient en grande partie été exclus de Russie par décision de Catherine II. Cette zone leur avait été imposée de  1791 à 1917. La création de de cette zone était due aux plaintes de marchands de Moscou ayant convaincu Catherine II que les juifs étaient des menteurs et des voleurs,  mais ils devaient être en fait de redoutables concurrents pour de piètres marchands moscovites.

Cette zone comprenait l’Ukraine, la Biélorussie, la Lituanie, la Moldavie et le centre Est de la Pologne. Afin de maintenir les juifs à l’écart de la société, les étudiants juifs ne devaient pas excéder 10% des étudiants de la zone de résidence et 3% en Russie. La présence de la plupart des juifs dans cette zone eut  pour effet de permettre l’expression meurtrière de l’antisémitisme sous forme de pogroms (massacres des juifs par la populace) inspirés par la Russie. Le Tsar Alexandre II avait enfin tenté de moderniser ce pays arriéré qu’était la Russie en commençant par la très tardive abolition du servage en 1861. Son esprit réformateur n’était  pas apprécié par tous en Russie et il échappa à onze tentatives d’assassinat. Il fut finalement assassiné en 1881. Bien que les juifs avaient tout à espérer d’un Tsar réformateur ils furent accusés de sa mort. De nombreux pogroms eurent lieu au cours desquels il fut dit qu’Alexandre III son successeur désirait qu’ils furent particulièrement meurtriers. On a dénombré 259 pogroms à Odessa, Kiev et Varsovie au XIXe siècle. En Bessarabie deux grands pogroms eurent lieu à Kichinev et en Ukraine 125 000 juifs furent massacrés après avoir été accusés de crimes rituels et 30 000 juifs furent tués au cours de la même période en Russie.

En 1918, on distinguait une Ukraine occidentale détachée de l’empire austro-hongrois et qui fut éphémère avec pour Capitale Lviv et rattachée finalement à la Pologne  et la République populaire Ukrainienne dont la capitale fut Kiev et qui subit une brève occupation allemande en 1918 et  qui fut rattachée à l’URSS en 1924. L’Ukraine occidentale fut annexée par la République soviétique d’Ukraine en 1939 dans le cadre du pacte Germano-soviétique

II-Points communs de la fédération de Russie avec le Nazisme

L’URSS qui était assimilable à un grand empire colonial englobant une multitude d’ethnies et une quinzaine de Républiques, comptait 293 millions d’habitant et était considérée comme une grande puissance. En 1991 la plupart des républiques (13 sur 15) devinrent indépendante et la population russe n’a plus représenté que 49% de celle de l’URSS. La dissolution de l’URSS fut le résultat d’une politique économique ruineuse dont un budget de la défense intenable en raison de la compétition devenue impossible avec les Etats Unis. Un certain nombre de Russes gardent en mémoire avec nostalgie le passé dominateur de l’URSS dont le plus haut fait de guerre fut sa Victoire contre l’Allemagne en 1945. Aujourd’hui la Russie n’est plus qu’un pays de second ordre qui a gardé le caractère belliqueux de l’URSS.

1-La mise en danger de l’opposition - L’appropriation du Pouvoir par un seul homme aux idées intolérantes et inspiré par l’esprit de conquête

L’arrivée d’un personnage inattendu au pouvoir «Vladimir Poutine » choisi par Boris Eltsine qui ne pouvait plus gouverner en raison de son alcoolisme a aggravé la situation de ce pays en décomposition. Vladimir Poutine a fait de la Russie une autocratie où tout opposant est en danger d’incarcération ou d’assassinat.

2-La mise en danger de la planète

Dans la tradition de l’URSS, Poutine a privé les russes d’une en partie de leurs revenus en investissant dans un arsenal d’ogives nucléaires équivalent à celui des Etats Unis dont le PIB est près de 13 fois plus grand. Poutine menace ouvertement les pays s’opposant à sa politique d’expansion d’utiliser le feu nucléaire et il aurait indiqué qu’un monde sans la Russie était pour lui sans intérêt.

3-La priorité donnée à l’utilisation de la force contre les règles fondamentales du Droit international et des Droits de l’Homme.

Poutine n’hésite pas à envahir tout ou partie d’anciennes Républiques soviétiques devenus indépendantes. Il a mené une Blitzkrieg pour annexer la Crimée et a voulu en faire autant avec l’Ukraine où il va sans doute connaître sa première défaite. D’autres pays de l’Est de l’UE sont menacés par Poutine mais ses problèmes en Ukraine pourraient porter un  coup d’arrêt à son appétit territorial. Poutine en mal de bases portuaires en Méditerranée s’est associé avec un autre dictateur « Bachar El Assad » et l’aurait aidé à réaliser des opérations génocidaires par arme chimique.

4-Liens avec le groupe Wagner

Ce groupe de mercenaires tient son nom de Richard Wagner dont les Opéras étaient très appréciés par les Nazis ainsi que le personnage connu pour son antisémitisme extrême. Wagner est mort en 1883 mais l’épouse de son fils Siegfried  a entretenu d’excellentes relations avec Hitler. Ce nom a été choisi par Dimitri Outkine, leader du groupe, ancien lieutenant-colonel de l’armée russe et admirateur d’Hitler qui considérait pourtant les slaves comme uns sous-race.

Ce groupe aide la Russie à organiser des opérations militaires qui vont à l’encontre du Droit international.  Le 9 décembre 2016 Poutine a décoré Dimitri Outkine de l’ordre du courage au cours d’une cérémonie officielle au Kremlin. Wagner interviendrait en Ukraine.

III-La liaison de l’Ukraine avec le Nazisme

Le Nazisme est issu du fascisme qui privilégie la Nation et l’autocratie en opposition à la démocratie. Le Nazisme est de plus fondé sur le racisme et l’antisémitisme et sur la croyance que les allemands seraient une race supérieure aux autres. Cette supériorité leur donnerait le privilège de soumettre les autres et de conquérir l’espace vital qui leur était nécessaire selon leur appréciation en colonisant d’autres pays. Les slaves étaient considérés comme uns sous-race et les juifs, les Roms et les handicapés qui dégraderaient l’espèce humaine selon les nazis  mériteraient d’être anéantis.

Au cours de la seconde guerre mondiale une partie de la population Ukrainienne accueillit les troupes nazies en libérateurs comme cela s’était aussi passé dans les pays baltes.

Les Ukrainiens de l’Ouest se souvinrent que sous la domination austro-hongroise ils pouvaient parler librement l’Ukrainien alors que le régime soviétique leur imposait le Russe. La politique soviétique fit naître en Ukraine de « grandes famines » appelées « Holodomors » en 1932 et 1933 ayant fait entre 2.5 millions et 5 millions de morts avec des cas de cannibalisme. Cette politique soviétique eu pour résultat un rejet viscéral de l’URSS par l’Ukraine.

Ainsi 250 000 ukrainiens s’engagèrent dans différents corps d’armée allemands pour combattre les russes et des ukrainiens collaborèrent  avec les nazis dans  certains camps d’extermination.

L’organisation ukrainienne OUN (Organisation Nationaliste Ukrainienne) passa des accords avec les Nazis dès 1932 et les aidèrent à envahir l’Ukraine. LOUN-M créa une division de Waffen-SS et l’OUN-B créa l’UPA pour lutter contre les Russes.

La Seconde Guerre mondiale fut particulièrement sanglante en Ukraine pour les Juifs. Ils furent victimes des « Einsatzgruppen allemands » et de leurs supplétifs ukrainiens qui réalisèrent la « Shoah par balles » (exécutions sommaires en masse). 1,5 million juifs furent exécutés. A Babi Yar (Kiev) des exécutions massives eurent eu lieu de 1941 à 1943 ; jusqu'à 100 000 personnes y ont été tuées, parmi lesquelles une majorité de Juifs mais également des Roms, des résistants et des prisonniers soviétiques.

Le 201éme bataillon Schutzmannschaft ukrainien fut créé en octobre 1941 spécialement pour la lutter contre les résistants biélorusses et favoriser l'extermination des Juifs. Plus de 700 collaborateurs ukrainiens servirent la 5éme panzer division SS « Viking », et 1 000 la division SS « Frundberg ». La population juive d’Ukraine s’élevait à 2 500 000 personnes en 1939 et fut réduite à 840 000 personnes en 1959.

En 2010 Viktor Iouchtchenko (Président de l’Ukraine) considéra le collaborateur pronazi « Stepan Bandera » et son organisation l’OUN comme héros de la nation.  

Petro Porochenko, président de l’Ukraine , tenta de récupérer des voix du groupe extrémiste SVOBODA dont le symbole est Wolfangel adopté par les nazis, en faisant voter en 2015 une loi déclarant héros de la libération les deux organisations paramilitaires OUN et UPA et en instituant des sanctions légales pour quiconque remettrait en cause ce statut. Par ailleurs un groupe fasciste et antirusse de 2000 membres appelé AZOV fut intégré dans l’armée ukrainienne. Des commémorations analogues eurent lieu pour des collaborateurs pronazis dans les pays Baltes. Accusé de corruption Petro Porochenko fut largement battu par Volodymyr Zelensky en 2019.

IV-Fin de la période néonazie en Ukraine en marche vers l’occident

Le 20 mai 2019 les Ukrainiens décidèrent de se débarrasser de leur classe politique extrémiste et corrompue  et élurent un « président Juif anti-Establishment et anti-corruption » : Volodymyr Zelensky qui obtint 73.3% des suffrages et créa un nouveau Parti politique.

Avec l’arrivée de Volodymyr Zelensky l’Ukraine a tourné définitivement une page « critiquable de son histoire » et a pris l’allure d’une démocratie moderne pro-Européenne. L’extrême droite fasciste serait maintenant estimée à environ 2% de l’électorat.

Avec un tel changement l’Ukraine échappait à la Russie en se tournant  vers l’UE et l’OTAN. Cette rupture est insupportable pour Poutine qui tente d’envahir l’Ukraine et paradoxalement fait naître  un sentiment d’unité nationale autour du Président Zelensky.

V-La guerre de conquête : Devenir grand sans faire d’effort économique

La Russie n’a plus été qu’une partie résiduelle de l’empire soviétique après 1991 avec une population de 146 millions d’habitants qui la classe au 9e rang mondial. Ce pays n’est européen qu’à 25% et son immense territoire résultant de conquêtes du XVIIème siècle font que  la Sibérie en représente à 77%.  78% de la population russe vit dans la partie européenne (25% du territoire) de la Russie soit 110 millions d’habitants et 22% de la population vit  dans 75% du territoire c’est-à-dire 36 millions sur 13 millions de km2.

La densité de population en Russie n’est que de que de 8.5 habitants par km2 ce qui en fait un des pays les plus vides du monde. En fait dans la partie asiatique la densité n’est plus que de 2.7 habitants/km2 que l’on peut comparer avec celle du Sahara de 1.0/km2.

La guerre de conquête en cours en Ukraine se heurte à la volonté nationale créée autour du Président Zelensky. L’armée russe qui était redoutée, est maintenant caractérisée par son inefficacité et sa désorganisation. Plusieurs armées russes renforcées par des Tchétchènes ont tenté d’envahir l’Ukraine et doivent actuellement limiter leurs ambitions au Donbass. La demande d’aide en effectifs au dictateur Bachar El Assad aurait même été évoquée.

La déroute des armées  russes les amènent à commettre des crimes de guerre en massacrant des civils. Marioupol est devenue une ville martyre comme le fut Guernica en Espagne bombardée par les nazis. La ville est presque entièrement détruite et des civils y ont été tués en nombre. En détruisant la ville  et en maintenant les installations portuaires les russes pensent s’emparer d’un nouveau port sur la mer d’Azov sans avoir à affronter de guérillas urbaines. Des résidences civiles sont détruites dans de nombreuses villes constituant des crimes contre l’humanité dont les dirigeants russes devraient répondre devant la Cour pénale internationale. Les images des villes ukrainiennes détruites passent à la Télévision russe avec un commentaire disant que l’armée Ukrainienne a provoqué ce désastre et malheureusement la plupart des russes le croient.

VI-L ‘irrationalité d’un autocrate

Poutine a voulu s’agrandir par la guerre en faisant une démonstration de force ratée. Pourtant cette conquête n’était même pas intéressante économiquement. L’Ukraine est un pays particulièrement pauvre avec un PIB nominal par habitant de 2963 USD et se classe au 133e rang  mondial alors que la Russie est moins pauvre en se classant au 65e rang avec un PIB nominal par habitant de 11 327 USD. L’ensemble Russie –Ukraine aurait rassemblé une population de 189 millions avec un PIB nominal par habitant de seulement 9287 USD, c’est-à-dire un PIB en chute de 18%. La Russie se serait classée ainsi au 75e rang mondial en PIB nominal par habitant soit au même niveau que celui du Liban.

Sans doute la Russie se serait enrichie en appauvrissant encore plus l’Ukraine comme cela avait été fait dans le passé par l’URSS engendrant les Holodomors.  La pauvreté en Russie au-delà du PIB per capta est aussi illustré par son 159e rang mondial en ce qui l’espérance de vie, derrière le Malawi, l’Egypte et la Syrie.

Les ressources extérieures de la Russie étaient composées en 2021à 70% du gaz et du pétrole. Les exportations de pétrole et gaz représentaient  32.3 milliards de dollars en 2021. La perte de ces revenus pourrait entrainer la Russie à renouer avec sa tradition d’être en défaut de paiement pour sur ses dettes extérieures.

L’idée de Poutine est aussi de se considérer comme puissant non pas en raison de la taille de son économie mais seulement en raison d’un nombre important d’ogives nucléaires qui lui permettrait de faire chanter la planète. Le chantage d’un Etat-voyou devient efficace face à des puissances occidentales et surtout européennes lâches.

VII – La lâcheté des pays occidentaux encourage les Etats-voyous

Le feu nucléaire est à présent dans les mains de chefs d’Etats-Voyous dénués de raison et d’humanité. Ils peuvent donc menacer le monde comme le font Poutine et Kim Jong-un et la viabilité de la planète. Ces dangereux états ne comprennent que les positions de force. Le spectacle méprisable des accords de Munich avec Hitler devait servir de leçon à l’Europe. La seule façon de garantir la paix et de se préparer à la guerre  « Si vice pace, para bellum ». La Russie avait parlé d’acte de belligérance en cas d’intervention militaire d’un pays tiers dans son conflit avec l’Ukraine mais pourrait décider  qu’il en est de même pour les sanctions économiques surtout lorsqu’elles auront un résultat tangible.

Le feu nucléaire met en cause la vie sur terre et pourtant la Russie possède maintenant autant d’ogives nucléaires que les Etats Unis. La menace de l’utilisation du feu nucléaire contre tous les membres de l’OTAN a été exprimée clairement. Il faut donc se préparer aux guerres chimiques et nucléaires pour tenter de les éviter. La Russie a pu accumuler des armes nucléaires en quantité  disproportionnée à sa taille économique au détriment de la qualité de vie de sa population.

Alors que la Russie est un pays de taille moyenne par son PIB nominal et sa population soit 1630 milliards de dollars (FMI 2018) et 146 millions d’habitants, l’UE et le Royaume Uni constituent  un ensemble réalisant un PIB nominal  de 21 600 milliards de dollars avec une population de 515 millions d’habitants. Les USA et le Canada réalisent un PIB nominal de 22 200 milliards de dollars et regroupent  377 millions d’habitants. Ces deux groupes de pays réalisent 70 fois le PIB de la Russie et ont une population 6 fois plus importante. Pourtant en termes d’ogives nucléaires « déployées » la France n’a que 280/300 ogives, le Royaume Uni 120/225 ogives, les Etats Unis 1800/7500 ogives et la Russie 1625/8500 ogives. La Russie a donc un nombre d’ogives déployées comparable à celui des Etats Unis sans compter les réserves et l’Europe dont le PIB est similaire à celui des Etats Unis n’a que 400 ogives déployées et doit faire appel aux Etats Unis en cas de danger. L’Europe a les moyens de se doter d’autant d’ogives nucléaires que la Russie et étant proche de ce pays,  ceci redonnerait aux armes nucléaires la force dissuasive destinée à garantir la Paix.

La diplomatie européenne est particulièrement inadaptée à l’égard de dictateurs qui n’ont en tête que le rapport de force et non pas le Droit international ou les Droits de l’Homme. Pour être entendue l’UE doit augmenter son budget de la défense afin de protéger sa population et être en bonne position pour faire valoir ses arguments. Les vérités  doivent être dites. Joe Biden a qualifié très justement ce que représentait Poutine et cela est une question d’éthique. La dépendance énergétique ou la peur n’ont pas à atténuer le langage de vérité.  L’UE doit veiller à ses intérêts en favorisant une entrée rapide de l’Ukraine dans l’UE et l’OTAN.