Plantagenet, Capétiens, Valois, Union des deux couronnes, union europénne, Brexit, Union franco-Britannique, Rois de France et d'Angleterre, Français, Anglais,Jeanne d'Arc

PLANTAGENET & CAPETIENS

Causes et conséquences de trois siècles de conflits entre Capétiens, Valois et Plantagenêt :

Des dynasties partageant les mêmes racines, la même langue et la même culture

« De l’échec de l’Union des deux Couronnes au  BREXIT »

L’Union victime des luttes de pouvoir et du repli sur soi

Par Didier BERTIN – 27 Juin 2021

Blason

 

I-INTRODUCTION

Nous avons écarté d’emblée le concept artificiel de guerre de cent ans choisi  arbitrairement par des historiens du  XIXe siècle et qui donne une vue erronée de la réalité des faits, de leur durée et des causes et conséquences du conflit entre les Plantagenêt et Capétiens et non pas entre français et anglais car le concept de nation n’était pas encore né.

A l’issue de ces conflits dynastiques commencés à l’initiative agressive  des capétiens contre les Plantagenêt pour se saisir de leurs territoires, un clivage commença à se creuser entre deux peuples pour lesquels la partie visible de ces luttes de pouvoir n’était que les grandes batailles, le poids des impôts les finançant et les pillages.

L’habillage nationaliste dont les historiens français modernes parèrent  cette époque permit de présenter une défaite pour l’union des peuples et pour le potentiel rayonnement de la langue et de la culture françaises comme une victoire française. Aujourd’hui la  langue anglaise est devenue une langue universelle mondiale qui s’impose même en France.    

Dans un même esprit partisan l’historien Jules Michelet a construisit au XIXe siècle la légende de Jeanne d’Arc qui est devenue le symbole du nationalisme voire de la xénophobie alors que cette enfant martyre fut la victime d’un tribunal de l’Eglise catholique dont la sentence  laissa indifférent Charles VII et le Pape.  C’est donc une version tronquée de l’Histoire qui est enseignée dans les écoles françaises ; trop d’historiens de nombreux pays tendent à faire une narration favorable au sentiment nationale en mettant au second plan la réalité des faits.

A la fin de ces regrettables conflits dynastiques naquit un clivage entre la France et l’Angleterre malgré les très nombreuses racines communes dont à la langue française durant plus trois siècles alors que cette langue ne devint officiel en France qu’en 1539. Les deux pays qui auraient pu formaient une Union  ne se retrouvèrent qu’au moment de l’entente cordiale née en 1833 et continuée en 1904, puis lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle. Au milieu du XXe le projet d’une Union Franco-britannique apparut à deux reprises de façon éphémère mais significative ; la première fois le 16 juin 1940 sur l’initiative de jean Monnet et de Winston Churchill et  une seconde fois à l’initiative de Guy Mollet le 10 septembre 1956 selon des sources britanniques.

En  1973 le Royaume Uni rejoignit la France au sein de la CEE mais au XXIe siècle Nigel Farage incarna le populisme fanatique fondé sur une conception économique égoïste et à très court terme. Le Royaume Uni prit la décision de quitter l’UE en 2016 et cela fut matérialisé en 2020.

II- LES SOURCES DU CONFLIT ENTRE LES DEUX DYNASTIES

Guillaume le conquérant fut l’héritier au trône d’Angleterre selon la volonté du Roi  d’Angleterre Edward le confesseur. Après son couronnement il francisa largement l’Angleterre et en particulier les classes dominantes. Le français paraissait être une langue suffisamment standardisée et construite pour administrer un pays dont les dialectes étaient multiples. Ceci fut sans précédent puis que ce ne  fut qu’en 1539 que le français devint la langue de l’administration et de la justice royale de France. L’alliance des Normands aux Plantagenêt puis de ces derniers au Duché d’Aquitaine fit que leur Royaume devint jusqu’à 1204 un empire plus important que le Royaume capétien. Le fait que la langue officielle de cet empire  fut le français et que ses souverains furent français « au sens moderne du terme » fit qu’à cette époque on pouvait considérer que le Royaume des  Plantagenêt représentait mieux la France que celui des Capétiens. De plus  les Plantagenêt avaient un lien originel avec les capétiens par la Maison de Normandie qu’ils renforcèrent par plusieurs mariages. On peut aussi noter que les mots France et français ne sont pas adéquates pour représentait un peuple gallo-romain parlant surtout des dialectes gallo-romans. Le mot France se réfère à une tribu germanique et donc le mot français serait plus adapté pour désigner un dialecte germain. Ces mots consacrent la victoire de Clovis et la sédentarisation de sa tribu germanique en Gaulle. Clovis fut couronné en 496 sous le titre de Roi des Francs et c’est sous ce même titre de « Rex Francorum » que  Philippe II Auguste (1165-1223) commença son règne cinq siècles plus tard.  L’Angleterre a également une appellation erronée  puisque les Angles sont aussi une tribu germanique comme les Francs

sédentarisée sur son territoire que les romains appelaient Bretagne (aujourd’hui Grande Bretagne en incluant l’Ecosse et le Pays de Galles).  

Philippe II Auguste décida de changer son titre en Roi de France «Rex Franciæ » à l’époque où il décida de s’emparer par la force des territoires des Plantagenêt. Philippe II Auguste avait un goût particulier pour convoiter les biens des autres puisque déjà en 1182 il s’empara de ceux des Juifs en et les expulsa.

Le fait qu’Aliénor d’Aquitaine (1122 -1204) fut Reine de France avant d’épouser le Roi d’Angleterre ne peut pas non plus justifier la convoitise de Philippe II Auguste puisque ses biens n’ont jamais fait partie du domaine royal et qu’il naquit bien après la dissolution du mariage d’Aliénor avec son père Louis VII (1137-1180) par le concile de Beaugency en 1152.

Le roi Henry II (l’orthographe Henry ou Edward signifie que l’on parle des rois d’Angleterre) régna sur un territoire qui s’étendit de l’Écosse aux Pyrénées avec l’Angleterre, l’Anjou, le Maine, la Normandie, l’Aquitaine et la Bretagne (au travers du mariage de son fils son fils Geoffroy avec la fille du Duc de Bretagne, Henry II gouvernait aussi la Bretagne).

Royaume Plantagenêt au XIIe siècle

Royaume angevin 12e siecle

Philippe II Auguste tenta d’abord de nouer des alliances puis de comploter pour se saisir des  territoires des Plantagenêt ce qui le mena à un moment à être bigame et excommunié par le Pape.

Philippe II Auguste partit avec le Roi Richard I (Ier) Cœur de Lion (Roi d’Angleterre, comte de Poitiers, du Maine, d’Anjou, duc d’Aquitaine,  et  Duc de Normandie) pour la troisième croisade mais revint  dans son Royaume lorsque celle-ci commença en 1191. Alors que Richard I était toujours en croisade Philippe II Auguste complota  avec le frère de celui-ci, Jean sans terre (John Lackland) qui espérait prendre la place de Richard I. Jean sans terre céda à Philippe Auguste le Vexin normand, le Vaudreuil, Verneuil et Évreux en 1194. Richard I revenu des croisades entra en guerre pour récupérer ses territoires. Un traité de paix fut signé à Gaillon en 1196 : Richard I céda Gisors et le Vexin normand à Philippe II Auguste qui lui abandonna les différentes conquêtes qu'il fit en Normandie ainsi que ses prétentions sur le Berry et l'Auvergne. Richard I succomba en 1199 et son frère Jean (sans terre) prit sa succession. Jean sans terre fut un Roi médiocre qui subit l’hostilité de son neveu Arthur Ier de Bretagne qui revendiquait aussi le  trône d’Angleterre et que Jean fit assassiner.

De 1204 à 1214 Philippe II Auguste entra de nouveau en guerre et se saisit de la plus grande partie du territoire continental des Plantagenêt. Il prit la Normandie en 1204,  puis par le traité de Chinon de 1214 Jean sans Terre lui abandonna toutes ses possessions du nord de la Loire : le Berry et la Touraine, le Maine et l'Anjou et ne conserva que l’Aquitaine  qui était appelée aussi Guyenne selon le dialecte occitan. La prise de toutes les terres des Plantagenêt en 1214 (à l’exception de l’Aquitaine)  engendra une série de conflits au cours desquels  s’enchevêtraient conquêtes territoriales et luttes pour le trône de France.

En 1328  Charles IV mourut et le dernier Capétien direct qui devait lui succéder  était Edward III d’Angleterre petit fils de Philippe IV le Bel par sa mère Isabelle de France ; le conseil des Pairs lui refusa le trône de France en utilisant une loi anachronique, « la loi salique », qui parut être un mauvais prétexte. La loi salique fut établie au VIe siècle par la tribu germanique des Francs et écartait du pouvoir les femmes et même leurs descendants mâles. 

En 1337 Philippe VI se saisit de l’Aquitaine qui était le dernier territoire continental Plantagenêt mais en 1356  lors de la bataille de Poitiers, les Plantagenêt récupérèrent une grande partie de leurs territoires.  La succession des conflits s’étala sur trois siècles.

III-Implantation normande en Angleterre et évolution du Royaume des Plantagenêt  

Guillaume duc de Normandie hérita légalement du trône d’Angleterre par la volonté de son roi Edward le confesseur mais dut livrer bataille à Harold Godwinson pour faire valoir ses droits et il fut couronné Roi d’Angleterre en 1066 sous le nom de William I (Ier).  William I francisa largement l’Angleterre en réformant son administration et  en y faisant venir une aristocratie, un clergé et des légistes de  Normandie. Il créa aussi des écoles de langue française destinée plus particulièrement à l’aristocratie et à l’élite. La langue française fut la langue officielle du pays au moins jusqu’ à 1361.

En 1361 la langue anglaise fut officiellement admise pour l’administration et la justice, mais c’est seulement en 1395 qu’Henry IV de la dynastie des Lancastre issue des Plantagenêt l’utilisa dans des documents officiels. En fait l’anglais ne fut largement diffusé qu’avec l’arrivée de l’imprimerie en 1471.

Le français était surtout utilisé par l’aristocratie et l’élite comme ce fut le cas sur dans le Royaume Capétien puis Valois où comme en Angleterre divers  dialectes prédominaient.

L’arrivée des Plantagenêt au trône d’Angleterre fut le résultat du mariage  de Mathilde l’Emperesse de la Maison de Normandie (1102-1167), petite fille de William I (Guillaume le Conquérant) et fille d’Henry I, avec Geoffroy V d’Anjou (113-1151) en 1128. Leur fils Henry II (1133-1189) devint Roi d’Angleterre de la dynastie des Plantagenêt. Il fut Roi d’Angleterre, comte d’Anjou et du Maine, duc de Normandie et contrôlait la plus grande partie du pays de Galles et la moitié Est de l’Irlande ; il épousa Aliénor d’Aquitaine en 1152 après l’annulation de son mariage avec Louis VII et fut Reine d’Angleterre après avoir été Reine de France. Ainsi le Royaume d’Henry II s’agrandit de l’Aquitaine et forma l’Empire Plantagenêt.

Sur son règne de 34 ans Henry II passa 21 ans en France et son fils  Richard I Cœur de lion (1157-1199), roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou passa toute sa vie en France sauf pour se consacrer  à la troisième croisade (1189-1192). Il ne fit que de brèves  visites en Angleterre. Sa principale visite fut destinée à reprendre le pouvoir à son frère Jean sans terre qui l’avait usurpé lorsqu’il était en croisade. Richard I grandit en Aquitaine et  fut surnommé le               « Poitevin » ; il parlait  les langues d’Oc et d’Oïl mais pas l’anglais.

De 1204 à 1205, Philippe II Auguste  conquit la Normandie, le Maine, l’Anjou, la Touraine et le Poitou et il ne resta plus à Jean sans terre (1166-1216) qui avait succédé à Richard I en 1199 que le duché d’Aquitaine. En 1356, Edward III  (1312-1377) gagna la bataille de Poitiers, fit prisonnier le Roi de France Jean II le Bon et agrandit l’Aquitaine sur laquelle il régnait, par  le Poitou, le Limousin, le Périgord, le Quercy, le Rouergue et la Bigorre

et obtint Calais et le Ponthieu. Ces territoires furent toutefois moins importants que ceux conquis par Philippe II Auguste.

IV – Dynasties en Angleterre de William I à Henry VI

Guillaume le conquérant  fut lié aux capétiens par son mariage avec Mathilde de Flandre et Geffroy V d’Anjou par son mariage avec Mathilde Lemperesse, Edward II par son mariage avec Isabelle de France et Henry V par son mariage avec Catherine de Valois. Les deux dynasties sont donc liées aux capétiens issus de la noblesse Franque des Robertiens.

Les Plantagenêt sont une maison royale issue des comtes d'Anjou et du Maine. Ses membres devinrent rois de Jérusalem de 1131 à 1205, puis rois d'Angleterre de 1154 à 1485. Ils furent également ducs de Normandie et d'Aquitaine, comtes du Poitou et de Nantes, seigneurs d'Irlande, rois de Germanie, seigneurs de Chypre. Les maisons de Lancastre et d'York sont deux des branches des Plantagenêt.

Edward III d’Angleterre fils d’Isabelle de France fut le dernier héritier mâle des capétiens directs et aurait dû devenir Roi de France en 1328. Henry VI devint Roi de France en 1422 mais son règne en France fut bref et contesté. Deux Rois d’Angleterre devaient régner sur les Royaumes de France et d’Angleterre mais cela ne put se faire complètement  pour un  mauvais prétextes (loi salique) ou par rébellion (Dauphin Charles).

1-Normands :

William I (1027-1087) (Guillaume le Conquérant) – Duc de Normandie Roi d’Angleterre : 1066

William II (1060-1100) -fils de William I et de Mathilde de Flandre

Henry I (1068-1135) – fils de William I et de Mathilde de Flandre

Etienne (1092-1154) – petit fils de William I – Maison de Blois

Mathilde l’Emperesse (1102-1167) –Dame des Anglais (Reine non couronnée) - fille d’Henry I et de Mathilde d’Ecosse – épousa Geoffroy V d’Anjou -Plantagenêt

2-Plantagenêt :

Henry II (1133-1187) – fils de Geoffroy V d’Anjou et de Mathilde l’Emperesse

Henry le jeune (1155-1183) – fils d’Henry II et d’Aliénor d’Aquitaine

Richard I (Cœur de Lion) – (1157-1199) – fils d’Henry II et Aliénor d’Aquitaine

Jean Sans terre (John Lackland) - (1166-1216) – fils d’Henry II et d’Aliénor d’Aquitaine

Henry III (1207-1272) – fils de Jean sans terre et d’Isabelle d’Angoulême

Edward  I (1239 – 1307) -fils d’Henry III et d’Eléonore de Provence

Edward II (1284 - 1327) -  fils d’Edward I et d’Eléonore de Castille

Edward III (1312-1377) -  fils d’Edward II et d’Isabelle de France

Richard II  (1367-1400)  -  fils  Edward III et de Jeanne Plantagenêt

3-Dynastie des Lancastre : branche des Plantagenêt

Henry IV (1367-1413) succède à Richard II, fils d’Edouard III et de Blanche de Lancastre. (Henry IV descendant des Plantagenêt est le premier Roi de la Dynastie Lancastre).

Henry V (1386-1422) - fils d’Henry IV et de Mary de Bohun

Henry VI (1421-1471) - fils d’Henry V et de Catherine de Valois.

V –Le conflit entre deux dynasties initié par Philippe II Auguste et naissance progressive d’un clivage entre deux peuples

A-CONSTRUCTION D’UN CLIVAGE ENTRE DEUX PEUPLES :

1-Tentative d’un ancrage national dans le Royaume de Charles V: Charles V le sage (1338-1380), successeur de Jean II observa  à l’occasion des Jacqueries qu’il n’y avait pas d’adhésion entre les peuples et leurs souverains illustrant ainsi l’absence du concept de nation à cette époque. Charles V Il octroya des avantages aux populations  sur lesquelles il régna pour créer un lien de fidélité entre le peuple et son souverain qui serait un embryon de sentiment national.

2- Utilisation de la langue française jusqu’au XVe siècle en Angleterre

La multiplicité des dialectes en Angleterre fit que le français devint une langue de référence  commune acceptable notamment pour l’administration et la justice. La langue anglaise n’était pas encore suffisamment standardisée pour gouverner un pays où une multitude de dialectes étaient pratiqués. La Langue officielle en Angleterre fut le français durant trois siècles au moins. Edward II accepta en 1361 que l’Anglais remplaça le Français comme référence officielle. Ce n’est qu’en 1471 avec l’imprimerie qu’l’anglais se généralisa. Ce choix face aux difficultés rencontrées sur le continent était aussi un embryon de sentiment national.

Le même problème se pose aujourd’hui  dans l’Union Européenne où vingt-quatre langues sont utilisées et c’est l’anglais qui cette fois constitue la langue de communication dans les faits.

3-La multiplicité des langues en France au moyen-âge

A cette époque les langues étaient divisées entre les langues d’Oïl et d’Oc (Oïl et Oc caractérisant l’affirmation) c'est-à-dire entre les langues occitanes et les langues gallo-romanes. Il existait de nombreux dialectes dans chacun des deux groupes linguistiques. Dans le domaine d’Oc on parlait  l’ancien occitan, l’aranais, l’auvergnat, le béarnais, le gascon, le gavot, le limousin, l’occitan languedocien, le provençal, le nissart, le vivarois et dans le domaine d’Oïl le français, l’orléanais, le bourguignon-morvandiau, le champenois, le lorrain roman, le picard, le wallon, le normand, le gallo-angevin, le tourangeau, le sarthois, le mayennais, le percheron, le franc-comtois, le poitevin, le saintongeais, le berrichon, le bourbonnais avec des influences celtes et germaniques. Seul l’écrit permettait une communication entre dialectes. A Paris au moyen âge la langue était influencée par un ensemble de dialectes, on dit que c’était une langue poreuse,  qui devint une référence au XIVe siècle. Aux termes de  l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 le français devient la  langue de l'administration royale, de la Chancellerie et du Parlement et supplanta ainsi le latin.

4- Universités du Royaume Plantagenêt

Louis VII expulsa les étrangers de l’Université de Paris en 1167 qui allèrent  à Oxford et ce fut le départ du développement de l’Université d’Oxford fondée en 1096 et dans laquelle la langue d’enseignement fut d’abord le français. L’université de Cambridge fut fondée en 1204 par des étudiants et enseignants partis de l’Université d’Oxford. L’Université de Caen fut fondée en 1432 par Jean de Lancastre, 1er duc de Bedford et régent du royaume de France. L’Université de Paris considéra qu’il s’agissait d’une concurrence directe à son égard en plus de celle incontestable des Universités d’Oxford et de Cambridge.

B- LES CONFLITS

Depuis le début du XIIIe siècle, quatre axes de tensions favorisèrent l’émergence de ces nombreux conflits :

1-La saisie des territoires continentaux des Plantagenêt pas Philippe II Auguste

2-La « grande dépression médiévale » : une stagnation économique et un l'alourdissement de la pression fiscale seigneuriale furent amplifiée par les effets d’une croissance démographique.

3-Les  affrontements entre Plantagenêt et Valois  pour la souveraineté et le contrôle de l’Aquitaine.

4-Les deux conflits dynastiques pour la couronne de France à la mort de Charles IV en 1328 et de Charles VI en 1422.

Charles IV (1294-1328) , Capétien direct, mourut en 1328 sans héritier immédiat et  Edward III d’Angleterre (1312-1377) devait devenir Roi de France et d’Angleterre en tant que dernier représentant mâle de la branche capétienne car Il était le fils d’Isabelle de France et donc le petit fils de Philippe le Bel. Philippe de Valois, cousin de Charles IV fut choisi comme successeur par le Conseil des Pairs et devint Philippe VI (1293-1350).

En 1337  Philippe VI se saisit de l’Aquitaine et déclencha une forte réaction d’Edward III qui réclama la couronne de France qui lui avait échappée en 1328. En 1339 il attaqua Philippe VI en Flandre et au cours de la bataille de l’Ecluse en 1340 la flotte française fut perdue. En 1346 Edward III infligea une défaite cuisante à Philippe VI à Crécy ou les archers eurent une efficacité beaucoup plus grande que celle de la chevalerie française au

point de mettre en question son existence. Edouard III continua vers Calais dont il s’empara (remise des clefs de la ville le 4 août 1347). 

Philippe VI mourut en 1350 et son fils Jean II le bon (1319-1364), dut faire face à nouveau aux troupes d’Edward III menées par son fils Edward de Woodstock surnommé le prince noir. En 1356 Jean II subit à Poitiers une défaite plus grande  que celle de Crécy et y fut fait prisonnier. Jean II signa le traité de Brétigny le 8 mai 1360 et Edward III obtint la Guyenne et la Gascogne, Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes, le Poitou, le Périgord, le Limousin, l'Angoumois et la Saintonge, toutes les terres du comté d'Armagnac incluant l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comté de Gaure.

Le territoire de Jean II fut réduit du quart mais les Plantagenêt ne récupérèrent  pas autant de territoires  que ceux que  Philippe Auguste leur avait pris ; ils ne récupèrent pas les duchés de Normandie et de Touraine, les comtés du Maine et d'Anjou et  la suzeraineté sur la Bretagne.

Charles V (1338-1380)  fils de Jean II organisa des alliances et c’est  en 1369 qu’il se sentit  en mesure d’affronter à nouveau Edward III. La cession de l’Aquitaine  n’ayant pas encore été achevée Charles V la confisqua   à Edward III contrevenant ainsi aux termes du traité de Brétigny. La remise en cause du traité de Brétigny qui prévoyait le renoncement d’Edward III au trône de France lui permit de se déclarait Roi de France le 3 juin 1369.

Charles V s’allia avec le roi de Castille qui détruisit la flotte anglaise en  1372 à la Rochelle  et organisa des  batailles sous forme d’escarmouches réalisées par des petites compagnies commandées par des chefs comme du Guesclin Connétable de France.

Ces escarmouches remplacèrent les grandes batailles préférées des Plantagenêt et permirent de grignoter progressivement les territoires continentaux d’Edward III. Charles V disait cyniquement : « Mieux vaut pays pillé que terre perdue ». Jusqu’en 1375 les terres d’Edward III furent ainsi reprises sauf  Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux et Bayonne. Le duc de Bretagne allié à Edward III résista  à du Guesclin et conserva son pouvoir. Au cours de ces  années la population fut victime des pillages de mercenaires un temps payés par des princes puis livrés à eux-mêmes et désignées sous le nom de  «grandes compagnies ».

                                                                                                  --------------------------------

Bretagne : La position de la Bretagne pouvant paraître fluctuante  à l’égard des Plantagenêt, il est utile de clarifier sa situation à cette époque. En 1066 les barons bretons associés aux Normands participèrent à la conquête de l’Angleterre.  Conan Ier de Bretagne avait épousé Mathilde Fitzroy, fille illégitime d’Henry I d’Angleterre, fils de William I. Lors d’une crise de succession la fille de Conan IV, Constance dut épouser le fils d’Henry II,  Geoffroy Plantagenêt en 1181 et Henry II dirigea de fait la Bretagne par le biais de Geffroy. Le fils de Geoffroy Plantagenêt, Arthur Ier de Bretagne pouvait prétendre à la couronne d’Angleterre à la mort de Richard I en 1199 mais Jean sans Terre frère de Richard I le fit assassiner. En 1206 Philippe Auguste envahit la Bretagne. De 1341 à 1364 eut lieu la guerre de succession de Bretagne. Jean de Montfort fils d’Arthur II de Bretagne reconnut Edward III comme Roi de France et en conséquence fut fait prisonnier par Philippe VI. Ceci entraina une réaction d’Edward III et finalement les troupes de Charles V (le fils de Jean II le Bon et petit-fils de Philippe VI) furent  battues en 1364 à Auray. Ainsi fut signé le traité de Guérande en 1381 en conséquence duquel Jean IV de Bretagne s’allia au Royaume d’Angleterre.

De 1402 à 1420 Jean V mena une politique de neutralité mais son successeur François Ier de Bretagne tout en défendant l’indépendance de la Bretagne apporta son soutien à Charles VII.

                                                                                                              ---------------------------

En 1380 Charles VI (1368-1422) succéda à son père Charles V alors qu’il n’avait que  12 ans et une régence fut assurée de ses oncles qui se disputaient le pouvoir.

En 1415 Henry V d’Angleterre (1386-1422) gagna très brillamment la Bataille d’Azincourt et imposa le Traité de Troyes le 21 mai 1420 qui fit de lui et de ses successeurs les héritiers des trônes d’Angleterre et de France. Selon les termes du traité Henry V épousa  Catherine de Valois le 2 juin 1420 et leur fils devint héritier des trônes d'Angleterre et de France. En 1420 le territoire continental fut donc divisé entre Lancastre (branche des Plantagenêt), Valois (branche des Capétiens) et Bourguignons (autre branche des Capétiens, puis Valois à partir de 1364). Henry V récupéra la Normandie, le Maine et toute une Région allant du Maine jusqu’ à une limite formée par les villes d’Amiens, de Compiègne et d’Orléans et garda Calais et l’Aquitaine  (Guyenne). Charles VI et Henry V moururent tous les deux en 1422. Le Royaume de France allait de cette limite au sud de la France selon la carte ci-dessous :

Royaume du traite de troyes bis

Henry VI : Pourpre et rose – Bourguignons : Vert – Dauphin Charles : Bleu

 

Les Bourguignons (Valois) en guerre contre une autre branche des Valois du Dauphin Charles, étaient partisans des Plantagenet en raison de l’assassinat du duc de Bourgogne Jean sans peur par les gens du Dauphin Charles (1403-1461) fils de Charles VI et futur Charles VII.  Douze ans plus tôt Jean sans peur avait assassiné le frère de Charles VI Louis d’Orléans. L’assassinat de Jean sans peur  fit naître une guerre entre deux branches cadettes des Valois : Bourguignons et Armagnacs.

Le dauphin Charles (fils de Charles VI)  refusa à la mort de son père en 1422 de se plier au traité de Troyes qui  faisait d’Henry VI le Roi de France et d’Angleterre. Il s’autoproclama Roi de France et en se faisant sacré en  la cathédrale de Bourges (Paris était occupé par le duc de Bedford) le 30 octobre 1422 en tant que Charles VII malgré sa destitution par ses deux parents.  Ce fut la deuxième fois que la succession légitime au trône de France par les Plantagenêt fut contestée. En 1429 le Dauphin Charles entreprit de conquérir les terres continentales des Plantagenêt comme l’avait fait Philippe II Auguste. C’est à ce moment qu’intervint la légende de  Jeanne d’Arc qui entra véritablement dans l’Histoire de France à partir du XIXe siècle pour constituer une épopée mystique et nationaliste.

Pour donner plus de poids à son  premier sacre à Bourges le dauphin Charles, se fit sacrer une seconde fois à Reims le 17 juillet 1429, ville traditionnelle des sacres royaux depuis celui de Louis le Pieux en 816 et depuis le baptême de Clovis en 499. Le Dauphin Charles montra ainsi sa volonté de contrevenir au Traité de Troyes puisque  le fait générateur d’une succession n’est que la mort du prédécesseur de façon à éviter la vacance du pouvoir. A la mort de son père Roi d’Angleterre (Henry V) et de son grand-père le Roi de France (Charles VI) au cours de la même année 1422,  Henry VI  (1421 –1471) hérita à l’âge d’un an des trônes d’Angleterre et de France et du duché d’Aquitaine. Il fut aussi le neveu du Dauphin Charles qui lui contesta le trône de France.

Henry VI étant très jeune, John de Bedford assura la régence et en son absence Humphrey de Gloucester tous deux frères d’Henry V. Le duc de Bedford se consacra surtout aux batailles de France. Henry VI fut couronné Roi de France à Notre Dame de Paris le 16 décembre 1431 à l’âge de dix ans. Il mit fin à la régence en 1437 alors que l’Angleterre souffrait de problèmes internes et économiques.  Henry VI se révéla être un homme pieux et pacifiste qui sont des qualités qui ne convenaient pas à la guerre avec Charles VII. Pour préserver la paix il épousa Marguerite d’Anjou en 1445, la nièce de Charles VII mais en Angleterre la noblesse s’opposait à lui. Cette opposition au sein de l’aristocratie aboutit en 1455 à la guerre des deux roses opposant les Lancastre aux York : deux branches de la dynastie des Plantagenêt. Henry VI aurait subi un choc moral en 1453  en apprenant la perte de Bordeaux et fut déposé en 1461.

C-Fin des conflits entre les deux dynasties pour le trône de France :

Charles VII  conclut avec les Bourguignons le traité d'Arras de 1435, qui mit fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons alliés des Plantagenêt depuis 1419 date à laquelle Jean sans peur  duc de Bourgogne fut assassiné sur les instructions du Dauphin Charles.  Par le traité d’Arras Jean le Bon, duc de Bourgogne, obtint l’indépendance de la Bourgogne et les villes de la Somme, le comté de Mâcon, la vicomté de Bar-sur-Seine et le comté d'Auxerre. Charles VII dut regretter officiellement l’assassinat du duc de Bourgogne Jean sans peur qui avait été la cause de la guerre entre Armagnacs et Bourguignons.  Le duc de Bourgogne reconnut être le vassal de Charles VII  mais ne dut pas lui rendre hommage. Les Bourguignons se rallièrent à Charles VII.  

Ce retournement d’alliance changea la donne sur le plan stratégique et permit à Charles VII de reprendre progressivement les territoires continentaux des Plantagenêt. On reprocha au conseiller d’Henry VI, William de la Pole d’avoir cédé le Maine et l’Anjou sans en avoir informé le parlement. Le 15 avril 1450 eut lieu la bataille de Formigny près de Bayeux au cours de laquelle deux petites pièces d’artilleries « les couleuvrines » qui avaient une plus grande portée que les flèches des archers d’Henry VI,  firent des ravages. L’arrivée de la cavalerie du Duc de Bretagne le connétable de Richemont et allié de Charles VII permit à Charles VII de prendre la Normandie.

Charles VII se concentra alors sur l’Aquitaine et entreprit la bataille de Castillon le 17 Juillet 1453 avec un grand nombre de couleuvrines. Et de nouveau comme à Formigny la cavalerie bretonne porta le coup de grâce. Henry VI perdit ainsi l’Aquitaine et Bordeaux.  Il ne restait plus à l’Angleterre que Calais jusqu’en 1558. Les points forts de Charles VII furent donc : les ralliements à sa cause des Bourguignons et des Bretons et l’apparition de la petite artillerie dans les Bataille dont la portée fut supérieure à celle des archers et non pas le soutien d’une enfant mystique.

VI – la légende de Jeanne d’Arc

1-Jeanne d’Arc

Jeanne d'Arc, naquit    aux environs de  1415 à Domrémy en Lorraine proche de territoires sous domination Bourguignonne. Sa date de naissance est incertaine car on n’a pas  trouvé trace de sa naissance dans les registres de sa paroisse.  C’était donc une enfant d’environ 14 ans lorsqu’elle rencontra le Dauphin Charles. L’examen qu’elle subit avant son procès en 1431 fit état d’une jeune fille vierge, étroite, n’ayant pas « la maladie mystérieuse des femmes », c’est çà dire les menstruations. On peut donc penser  qu’il s’agissait d’une enfant de moins de quinze ans au début de1431. Elle était fille de paysans et illettrée comme la plupart des gens à cette époque. Les enfants étaient alors désignés par le terme de puceau et pucelle et donc son surnom fait allusion à son jeune âge, Jeanne la pucelle signifiait  Jeanne l’enfant. Il semblerait que son enseignement religieux fut limité aux aspects mystiques et liturgiques selon les restrictions du catholicisme qui engendrèrent la Réforme à partir de 1517. Elle crut entendre les voix de Ste Marguerite, de  Ste Catherine et de St  Michel lui ordonnant de soutenir le combat du Dauphin Charles. L’enseignement restreint de l’Eglise catholique ne pouvait pas lui permettre de savoir que des saints chrétiens ne l’encourageraient pas à participer à une lutte violente et fratricide entre chrétiens. Elle rendit visite au Dauphin à Chinon le 25 février 1429 lieu très éloigné de son domicile. Le Dauphin l’aurait autorisée le 27 avril 1429 à accompagner un convoi de ravitaillement destiné à la ville d’Orléans après un siège par les troupes du duc de Suffolk et de Lord Talbot. A son arrivée elle fut habillée d’une armure pour livrer le ravitaillement à la ville.  Plusieurs victoires furent remportées près d’Orléans  par les troupes du dauphin  Charles dont la bataille de Patay (1429) auxquelles elle n’aurait pas participé. Elle aurait assisté au sacre du Dauphin Charles le 17 juillet 1429 à Reims puis se rendit sur sa propre initiative à Compiègne où elle fut faite prisonnière par les Bourguignons le 23 mai 1430.

Elle fut livrée à l’évêque  de Beauvais allié à la cause du duc de Bedford puis transportée à Rouen pour y être jugée du 21 février au 23 mai 1431. On lui reprocha d’abord  d’avoir porté des vêtements d’homme  et d’avoir quitté sa famille sans y avoir été autorisée.  

Mais le fait le plus grave que le Tribunal de l’Eglise lui reprocha est d’avoir prétendu entendre des Saints Chrétiens lui dictaient son comportement, car cela fut considéré comme un blasphème et une hérésie. Elle fut jugée par cent vingt personnes dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, dix délégués de l'université de Paris sous la houlette de l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon. L’université de Paris la déclara coupable de schisme, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d'hérésie, errante en la foi, blasphématrice de Dieu et des Saints.  Le tribunal la martyrisa en prononçant contre cette enfant une horrible condamnation au bûcher et elle mourut injustement le 30 mai 1431. Ce jugement et cette exécution sont caractéristiques de l’inquisition initiée par l’Eglise depuis le XIIIe siècle pour lutter contre la diffusion de dogmes différents de ceux du Catholicisme. L’autodafé (la mort par le feu) était une condamnation courante prononcée par les tribunaux de l’inquisition qui fit plusieurs milliers de morts innocents. Jeanne d’Arc fut ainsi l’une des nombreuses victimes des crimes de l’Eglise Catholique. Charles VII ne porta aucune attention au sort qu’elle subissait pensant sans doute ne rien lui devoir car il avait suffisamment d’ambition. Ce n’est qu’en 1450, soit près de vingt ans après son  martyr que Charles VII indiqua vouloir connaître la vérité concernant ce qu’avait subi Jeanne d’Arc et cela sans doute sous la pression populaire. Le Pape Nicolas V ne fit aucun commentaire sur la condamnation  de  Jeanne d’Arc. L’émotion populaire sur le sort de Jeanne d’Arc dut avoir une influence sur le successeur du Pape Nicolas V qui fut Calixte III et qui ordonna une révision du procès qui la déclara innocente.

2-Le mythe de Jeanne d’Arc

Des documents incertains et postérieurs à Charles VII firent état d’un  anoblissement de la famille d’Arc qui fut annulé en 1614 par Louis XIII. Le rôle de Jeanne d’Arc  n’a porté que sur une période de quinze mois et elle fut sans doute surtout connue en raison de son procès et de sa condamnation. Le fait que Voltaire la considéra comme stupide et burlesque dans sa pièce « La pucelle d’Orléans » de  1752 et Shakespeare comme une sorcière dans sa pièce « Henry VI » de 1590 sont des prises de positions contre le mysticisme qui ne sont pas compassionnelles à l’égard du  sort cruel de Jeanne d’Arc. Ils auraient dû s’en prendre à Charles VII, à l’église, à ses tribunaux inquisiteurs et au Pape élu lors des faits. Voltaire s’en est par ailleurs violemment pris à l’Eglise catholique, à l’inquisition et aux autodafés (en particulier dans Candide).

En 1841 l’anticlérical historien Jules Michelet mentionna Jeanne d’Arc dans son livre sur l’Histoire de France puis lui consacra un livre en 1852. Jules Michelet utilisa le personnage de Jeanne d’Arc comme représentante du peuple compensant les lacunes de la monarchie et les fautes de l’Eglise. L’accent fut mis sur la lutte entre français et anglais  afin que Jeanne d’Arc symbolise un nationalisme conquérant. La légende devint si populaire que le Pape la canonisa en 1920 peut-être comme un acte de rédemption de l’Eglise à son  égard.

VII- CONCLUSION

Guillaume de Normandie devint Roi d’Angleterre en 1066 sous le nom de William I, selon les vœux du précédent Roi Edward le Confesseur et cela lia l’Angleterre et la Normandie.

En 1128 la petite fille de Guillaume, Mathilde l’Emperesse qui était Dame d’Angleterre épousa Geoffroy V Plantagenêt comte d’Anjou et du Maine. En 1154 Henry II-Plantagenêt épousa Aliénor d’Aquitaine et précédemment Reine de France. En 1181 Geffroy Plantagenêt épousa Constance de Bretagne la fille de Conan IV. Ainsi sur les bases de légales alliances l’Empire Plantagenêt fut constitué et comprenait au XIIe siècle l'Angleterre, la Seigneurie d'Irlande, le duché de Normandie, le duché d'Aquitaine élargi du comté de Poitiers, du duché de Gascogne, du comté de Périgord, du comté de la Marche, du comté d'Auvergne, de la vicomté de Limoges, du comté d'Anjou élargi du comté du Maine et du comté de Tours avec une influence essentielle sur le duché de Bretagne, les principautés galloises, le Royaume d'Écosse et le comté de Toulouse. Cet Empire représentait mieux la France (au sens moderne) que le Royaume des capétiens : par son territoire, par sa langue officielle  française et par les liens de ses souverains avec les capétiens, alors que ce ne fut  qu’en 1539 que le Royaume de France adopta le français comme langue officielle.

Philippe II Auguste convoitait la partie continentale de l’Empire Plantagenêt et s’en empara par la violence sans s’encombrer de légalisme.  Philippe II Auguste déclencha ainsi une suite de conflits car les Plantagenêt désiraient reprendre leurs terres. Les Plantagenêt par leurs liens avec les capétiens devaient légalement hériter du trône de France mais cela leur fut refusé sous un  mauvais prétexte  ou par la rébellion.

L’épopée de Jeanne la pucelle ou Jeanne l’enfant devait apporter une touche de divin à l’ambition de Charles VII qui fut pourtant comme le Pape indifférent au  sort de Jeanne d’Arc alors qu’elle fut jugée au nom de l’Eglise.

Le concept de nation n’était pas encore né au moyen-âge mais les batailles, l’accroissement des impôts pour les financer et les pillages finirent par créer un clivage entre les peuples.

L’Union des deux couronnes ne put se réaliser en raison de luttes de pouvoir initiés par les capétiens. Les capétiens emportèrent la victoire mais le français subit aujourd’hui une défaite. L’empire Plantagenêt et l’Union des deux couronnes auraient pu préfigurer un début d’Union Européenne de langue française alors qu’aujourd’hui l’anglais s’impose à tous comme langue universelle.  

Une caricature nationaliste de cette partie de l’Histoire est encore enseignée dans les écoles et devrait être revue. Ce n’est qu’au XIXe siècle et au XXe siècle que la France renoua des liens apaisés avec l’Angleterre lors de l’entente cordiale, puis lors des deux conflits mondiaux, et avec l’entrée du Royaume Uni en 1973 dans la CEE.  

De 2016 à 2020, ce fut cette fois le populisme anglais incarné par Nigel Farage qui provoqua la sortie du Royaume Uni de l’UE. Le repli sur soi est une tendance rétrograde qui attire de nombreux pays  manquant  d’audace pour relever les défis globaux et  engendre in fine une régression économique et intellectuelle.

Le développement des transports internationaux et notamment aériens ont permis de rapprocher les peuples de la planète et de matérialiser une solidarité économique entre pays riches et pauvres. L’obsession écologique contre ce progrès est anachronique et peut nourrir à la fois le nationalisme et le survivalisme. L’impérative protection de la planète doit être pris en compte à la source et notamment en ce qui concerne la démographie mondiale et  sans enfreindre le progrès ; mais  cela demande de l’intelligence et de la créativité que de l’instinct primaire de repli sur soi.