L’ORIGINE ET L’AVENIR DES CULTES, DES RELIGIONS ET  DU DIVIN 

 

L’ORIGINE ET L’AVENIR DES CULTES, DES RELIGIONS, DES DIEUX ET  DU DIVIN 

Didier Bertin – 25 Janvier 2018 

 

I-Création de l’univers, de la terre, apparition de la vie

Notre univers a été engendré par le Big Bang il y a environ 14 milliards d’années au cours desquelles diverses fusions nucléaires dont celle de l’hydrogène ont permis la création de l’hélium et par suite du carbone et de l’oxygène. La fusion nucléaire liée à des phénomènes de rotation et de gravitation d’une nébuleuse solaire a entrainé une contraction engendrant le soleil et des collisions de débris de la nébuleuse solaire ont créé des protoplanètes. La formation de la terre a commencé il y a 4,7 milliards d’années. La collision de la terre avec de multiples astéroïdes ont entraîné des chocs thermiques et ont apporté fer et nickel au centre de la planète formant le noyau doté de propriétés magnétiques et constituant un champ protecteur. La terre a alors été un océan magmatique dont le dégazage a formé l’atmosphère. La terre est entrée dans un processus de refroidissement qui a créé la croute terrestre puis les océans il y a 4,2 milliards d’années.

Des éléments tels que l’eau, le méthane, l’hydrogène ont créé des molécules organiques  produisant des cellules capables de réplication par l’ARN remplacé par l’ADN pour engendrer le vivant. Les plus anciens fossiles de cellules ont 3,5 milliards d’années. Des organismes pluricellulaires se sont formés et des bactéries ont utilisé l’oxygène (première forme de respiration).

Il y a 550 millions d’années les premiers êtres vivants vertébrés ont été les poissons qui sont les ancêtres de tous les vertébrés avec un crane protégeant un cerveau primitif. Une couche d’ozone issue de l’oxygène a permis le développement de la vie hors de l’eau en la protégeant du rayonnement solaire ultraviolet.

 

II- Évolution de la vie et apparition de l’homme

Une des formes d’évolution du poisson (premier vertébré) a été le tétrapode capable de vivre sur la terre ferme en développant poumons, pattes et cou. A partir du tétrapode se sont développés les reptiles et notamment les reptiles mammaliens d’où sont issus les mammifères dont font partie les primates. Les primates subissent une évolution diversifiée à partir de l’ère tertiaire notamment avec les grands singes.

La lignée humaine s’est séparée de celle des grands singes (en particulier des chimpanzés) il y a seulement 5 millions d’années ce qui n’est rien en comparaison de l’apparition des poissons il y a 550 millions d’années. L’évolution est ensuite marquée par la bifurcation des Homininés en Hominines (humains) et Panines (chimpanzés). Pour des raisons de contexte l’ancêtre singe de l’homme a développé la bipédie et libéré ainsi ses mains avec le pouce opposable aux doigts (pince) pour agir et manipuler. La bipédie a aussi été favorable au développement de la masse cérébrale permettant une intelligence plus complexe et au dégagement du larynx permettant le développement du langage.

Différents type d’être humains sont apparus mais se sont éteints et seul l’Homo sapiens (ou homme moderne) dont l’intelligence aurait été la plus étendue a persisté. Toutefois on estime la possibilité d’un métissage de l’ordre de 1 à 4% avec les espèces humaines disparues.

L’Homo sapiens ne serait apparu il n’y a que 195 000 ans ce qui est négligeable en comparaison de l’âge de la lignée humaine de 5 millions d’années.

L’homme est un animal avec des aspects particuliers qui lui ont permis de bâtir, de créer, de développer la compréhension de la science et d’en bénéficier. Ces aspects particuliers l’ont conduit à ne plus lui-même se considérer comme un animal. Cette différenciation est justifiée par la maîtrise de la nature et au progrès technique mais aussi lorsque le comportement de l’homme est pire que celui d’un animal qui lui se contente de chasser des proies pour se nourrir.  En observant le comportement humain durant les seuls XXe et XXIe siècles nous constatons un comportement destructeur qui place parfois l’être humain à un rang inférieur à celui de l’animal en matière de sauvagerie.

Le premier conflit mondial a fait   18.6 millions de morts et le second  plus de 60 millions de morts. Au cours de ces deux siècles (car cela continue encore aujourd’hui en Birmanie) ont eu lieu les plus grandes exterminations d’humains par des humains et cela pour des questions tenant aux origines des victimes qui ne convenaient pas à l’idéologie psychotique de leurs exterminateurs. La référence en matière d’horreur et d’industrialisation de la mort a été la Shoah. Alors qu’on pensait que les hommes en avaient tiré les leçons les exterminations génocidaires ont continué sur divers continents. 

Afin d’illustrer la particularité de la nature humaine nous voudrions citer l’exemple de Gardelegen en avril 1945 en Allemagne. Alors que le territoire allemand était pratiquement occupé par les Russes et les américains, les SS survivants ont continué à massacrer des milliers d’innocents par seul goût du meurtre que les animaux ne connaissent pas.

En quelques années l’environnement a transformé ces hommes en psychopathes ; la psychopathie serait donc une potentialité chez l’humain qui pourrait être le fruit d’un environnement donné à un moment précis (études de Farrington sur la psychopathie et l’environnement).

En Ukraine en 1933 lors de la grande famine appelée « Holodomor » due à la décision de l’URSS de collectiviser l’agriculture et qui a provoqué trois millions de morts, le cannibalisme s’est répandu et des parents ont mangé leurs enfants. Des affiches officielles devaient rappeler qu’il était immoral de manger ses enfants ; on aurait pu penser que l’être humain aurait préféré se laisser mourir plutôt qu’en arriver à ces excès mais ce n’est pas toujours le cas.  

« Ainsi les êtres humains peuvent être de loin plus sauvage que tout animal » et leurs croyances en des dieux imaginaires et divers n’ont été d’aucun secours pour empêcher l’innommable.

 

III-Le recours de l’homme « désorienté» à des Cultes, Religions incluant la création du Divin

1-Le divin : source d’espoir pour des êtres désorientés

La bipédie a permis à l’homme de développer un cerveau lui permettant de prendre conscience de ce qui l’entoure et le menace mais aussi de communiquer et de se socialiser. Au début l’Homo sapiens était un être faible face à de nombreux autres être vivants (animaux ou hommes) et face aux phénomènes naturels dont la mort auxquels il ne comprenait rien.

En raison de ses limites et de son ignorance l’être humain a simplement divinisé directement ou indirectement les éléments naturels qui le menaçaient en leur vouant un culte incluant des prières, des incantations, des danses rituelles et en offrant des  sacrifices pour espérer leur clémence. Un sacrifice consiste à se priver de biens donnés en offrandes ou  à tuer des animaux voire des êtres humains pour prouver aux dieux le grand dévouement des hommes à leur égard. En retour  de ces cultes les hommes espéraient la bienveillance des divinités.

La perception du réel chez l’Homo sapiens :

L’ensemble des sens sont des interprétations cérébrales (in fine on voit, on sent et l’on entend avec son cerveau); les effets psychiques, les émotions, l’imaginaire pour reconstituer ce que l’on ignore sur la base de ce que l’on sait peuvent fausser l’interprétation du réel et sa perception et encourager le développement de mythologies et de religions.

Ainsi aujourd’hui par exemple les témoignages oculaires ne sont plus considérées comme sûrs et doivent être croisés avec d’autres considérations.

Un être éduqué devrait avoir une vision plus précise qu’un être rustre qui aura tendance à utiliser l’imaginaire et les émotions pour voir ce qu’il croit percevoir. Ainsi beaucoup de phénomènes naturels étaient perçus comme des phénomènes surnaturels et les dieux qui avaient été créés pour les expliquer avaient des apparences anthropomorphes où animales puisque l’imagination de l’homme est fondée sur ce qu’il connait déjà. Si nos connaissances sont encore limitées, elles se sont accrues de façon exponentielle permettant un meilleur discernement et surtout l’adoption de méthodes rationalistes pour aborder ce qui est nouveau en réduisant l’influence de l’émotion. Dans un cadre de raisonnement rigoureux l’imaginaire peut-être utile à la création et à la découverte.

A mesure de l’accroissement des connaissances l’importance des dieux et des religions synonymes de compensation de l’ignorance diminuent parmi les populations les plus instruites.

La population athéiste s’accroît en chiffres absolus mais restent limitée en nombres relatifs compte de l’accroissement démographique important parmi les populations les plus démunies et donc les plus ouvertes aux religions et au divin. En l’an 0 la population mondiale s’élevait à 170 millions d’habitants pour atteindre 7.6 milliards en 2017.

Les cultes de base tournent autour de l’animisme qui consiste à donner un esprit (animus) aux objets de toutes sortes, phénomènes naturels (vent, soleil, volcans…) et à des génies malins ou protecteurs.

Ces génies d’origine humaine (par exemple l’esprit des défunts) ou animale ou autres, peuvent avoir selon les croyants des effets sur le réel. Les religions s’adaptent aux besoins des croyants puisqu’ils en sont les créateurs.

Il existe de nombreuses religions pour les chasseurs-cueilleurs ou pour les agro-pasteurs et autres, polythéistes ou monothéistes. Le nombre de religions qui ont existé est indénombrable mais aujourd’hui les principales religions ayant au moins 3 millions de croyants sont les suivantes :

Christianisme : 2 262 millions – 29.8% de la population mondiale

Islam : 1 552 millions – 20.4% de la population mondiale

Hindouisme : 949 millions – 12.5% de la population mondiale

Bouddhisme : 495 millions  -6.5% de la population mondiale

Religions Chinoises : 435 millions – 5.7% de la population mondiale

Religions ethniques : 243 millions – 3.2% de la population mondiale

Nouveaux mouvements : 63 millions – 0.8% de la population mondiale

Sikhisme : 24 millions - 0.3% de la population mondiale

Judaïsme : 14 millions - 0.2% de la population mondiale

Spiritisme : 14 millions – 0.2% de la population mondiale

Taoïsme : 8 millions – 0.1% de la population mondiale

Confucianisme : 8 millions – 0.1% de la population mondiale

Bahaïsme : 7 millions – 0.1% de la population mondiale

Jaïnisme : 5 millions – 0.1% de la population mondiale

Shintoïsme : 3 millions – moins de 1%  de la population mondiale

5,647 milliards de personnes revendiquent une appartenance à une religion sur une population mondiale en 2017 de 7,6 milliards.

La population non croyante s’élève donc à environ 2 milliards de personnes (25.6% de la population mondiale). Parmi les 5 647 millions de croyants un nombre substantiel revendique une religion qu’ils ne pratiquent que très peu ou pas du tout, en particulier chez les chrétiens et en conséquence la première religion du monde est l’absence de religion.

A l’origine des religions il y a la nécessité psychique de croire qu’un être tout puissant malin ou bienveillant peut alléger le fardeau de ses croyants ; cette nécessité uniquement humaine marque la limite de la capacité de compréhension du monde puisqu’elle implique l’abandon du gain cérébrale d’origine bipédique c’est-à-dire de la logique intellectuelle au profit de la foi qui n’est qu’une simple conviction sans fondement adoptée contre toute logique ; la foi est un abandon du recours à l’intelligence et à la rigueur.

La foi ouvre donc la porte à toutes sortes de croyances puisque dans ce cas le rationnel est mis de coté. Les hommes vont appeler dieux, êtres divins ou parfois gourous, d’autres êtres dont ils pensent pouvoir obtenir sans aucun fondement la clémence, des avantages, la réduction du déchainement des éléments naturels ou même le déclenchement de la colère d’autres avec lesquels ils ne partagent pas les opinions.

Ces créations sont souvent accompagnées de légendes, doctrines et au mieux de philosophies. Seul le Bouddhisme ne créé pas de dieu à proprement parlé.

Les dieux vont avoir chacun une fonction plus ou moins importante et il existait par exemple plus de 200 dieux égyptiens, plus de 50 dieux grecs et leurs équivalents romains et actuellement plus de 250 divinités hindoues. Ces dieux créent de l’emploi et des ressources pour les professionnels qui les servent (prêtres ou gourous).

Les dieux ont des tailles différentes et peuvent être parfois transportables. Le Pharaon Akhenaton a voulu restreindre les divinités au seul soleil (Aton) ce qui a représenté une sorte de monothéisme ; cette nouvelle religion avait suscité la révolte du clergé vivant matériellement du culte des nombreux autres dieux et qui se sont ainsi retrouvés sans emplois et ressources. A sa mort les traces de son règne jugé hérétique par les prêtres ont été effacées.

2-La création du concept d’âme comme victoire sur la mort

Lors de la mort on ne peut que constater que l’être et ce qui faisait sa personnalité disparaissent. Le corps n’est plus qu’un objet en décomposition qu’il est d’usage d’enterrer ou de brûler  pour ne plus être confronté à l’image de la fin de la vie et à sa nauséabonde putréfaction.

Ainsi la vie s’arrête et afin de contenir le désespoir humain face au néant, des religions ont créé la notion de vie éternelle dans un autre monde ou  par réincarnation dans le même monde  par le biais de l’âme. Le corps étant détruit la religion le remplace par l’âme qui ne subira pas le pourrissement du corps, mais qui n’est ni le corps, ni l’intellect, ni la personnalité du défunt.

L’âme est donc un concept vide dont le seul but est de donner aux croyants un espoir de vie éternelle et donc de victoire sur la mort. Dans cette course à l’imaginaire et à l’éternité c’est l’homme qui se prend pour un dieu en inventant l’éternité pour lui-même ce qui est un mélange des genres. Le concept d’âme a été adopté chez les chrétiens lors du concile de Carthage en l’an 418.

Un individu est le produit de son intellect et de sa personne confrontés à son environnement. L’observation des personnes en phase finale de la maladie neurodégénérative d’Alzheimer : amnésie des faits récents et anciens, perte de la capacité à avoir une pensée abstraite, aphasie, apraxie et agnosie, reflète bien la vacuité du concept d’âme.

3-Le ciel – les cieux

Le ciel a pendant longtemps représenté le Royaume des dieux (comme le laisse entendre la tradition indo-européenne), alors que le pire devait se trouver sous la terre ainsi que par exemple les éruptions volcaniques pouvaient le laisser penser.

Le ciel appartient aux mythologies polythéistes et monothéistes de l’humanité et pourtant il n’est que l'étendue visible au-dessus du sol depuis la surface de la terre. La couleur du ciel est due au rayonnement solaire qui subit des réfractions dues à l’atmosphère terrestre.

Notre meilleure connaissance de l’espace devrait avoir mis fin aux mythologies humaines concernant les cieux bien que les religions réagissent en prétendant à présent que les cieux ne se trouvent précisément aux cieux et cela malgré leurs abondantes représentations.

Le mot dieu qui vient de deus en latin et a une racine indo-européenne : « dei » qui signifie « briller » et sert à désigner le ciel brillant comme divinité ou lieu des divinités célestes. Zeus a la même racine. Gott et God viennent aussi de l’indo-européen avec le sens d’invocation et le mot slave Bog vient aussi de l’indo-européen bhag.

L’idée simpliste du ciel comme lieu de résidence de Dieu et des bonnes âmes est perceptible par l’usage des expressions monter au ciel, ascension ou par la représentation des anges envoyés de Dieu et munis d’ailes pour voler. Des chérubins (petits anges ailés) étaient aussi représentés sur l’Arche d’Alliance. Au-delà de 100 km d’altitude commence le vide intersidéral dans lequel des ailes sont sans utilité. Mais les hommes qui voyaient le ciel comme le Royaume de Dieu n’avaient à cette époque aucune idée sur la nature de l’atmosphère.

 

IV-DU POLYTHEISME AU MONOTHEISME

 

1-Judaïsme

Le rationalisme a toujours été un obstacle pour les  religions et le monothéisme représente en principe un passage vers une forme plus intellectualisée de la nature divine. Abram appelé ensuite Abraham  a déduit du fait que son propre père fabriquait des idoles que celles-ci ne pouvaient pas avoir de pouvoir particulier puisque son père n’en avait pas. Après avoir détruit ces idoles il eût l’idée d’une toute puissance unique, intangible et indicible qui a constitué le premier dieu d’une religion monothéiste.

Abraham a créé le monothéisme 5 siècles avant la tentative ratée d’Akhenaton qui de toutes façons avait choisi pour dieu un objet : le soleil loin de l’intangibilité du Dieu d’Abraham. Le Dieu d’Abraham n’a pas de nom mais est désigné par la déclinaison du verbe « être » en hébreu et cela est conforme à sa révélation à Moïse sur le mont Sinaï.

Par alliance une terre a été promise à Abraham pour sa descendance après une période d’esclavage.

La religion de la descendance d’Abraham, peuple d’Israël appartient au domaine de l’intangibilité, s’adresse à la partie du cerveau qui gère le domaine virtuel, et n’a pas pour but de faire des disciples. La circoncision demandée par Abraham (signe d’alliance) est un élément décourageant de plus pour ceux qui voudraient rejoindre sa religion. La religion d’Abraham semble s’adresser à une élite mais cela n’empêchera pas une partie de sa descendance de se laisser parfois influencer par l’idolâtrie.

La circoncision est considérée aujourd’hui comme un moyen de freiner la transmission du Sida et du Papillomavirus. Une campagne menée actuellement a porté sur plus de 15 millions d’individus en Afrique de l’Est.

Après une longue période d’esclavage en Egypte le peuple d’Israël devait perdre ses habitudes de captifs et adopter des règles législatives qui garantiraient la morale et l’ordre public. L’exode de 40 ans symbolise la nécessité d’attendre une nouvelle génération  qui constituerait un peuple libre n’ayant pas connu l’esclavage et prêt à se plier aux nouvelles règles et lois afin d’entrer en terre promise.

Toutefois on peut s’étonner que le Dieu omniprésent et intangible d’Abraham doive élire un lieu particulier pour se révéler et indiquer sa loi ; on peut penser que cela fût plutôt le choix de Moïse pour s’isoler et réfléchir.

Il existe une iconographie bien qu’en principe interdite par le judaïsme qui matérialise la présence de Dieu au dessus de l’arche et dans le temple par une sorte de fumée.

La volonté de grandeur de David puis finalement celle de Salomon les ont amené à vouloir construire puis à construire un temple dans lequel des prêtres feraient des sacrifices et recevraient des offrandes. Ce projet s’inspirait à notre avis des temples polythéistes égyptiens ou grecs. Après un début de rectitude monothéiste Salomon s’en serait éloigné sous l’influence d’autres courants. Plus tard les Saducéens gardiens du temple seront dénoncés par les Esséniens pour leurs pratiques au sein du temple.

Si le Tana’h (Bible) forme une base solide pour l’histoire et les traditions juives, les commentaires et la tradition religieuse orale ont figé le Judaïsme aux diverses époques auxquelles ils ont été faits.

Les fameux 613 commandements (Mitsvot)  par exemple concernent beaucoup l’antiquité et n’ont plus de sens aujourd’hui lorsqu’il est question du Temple, des prêtres, des offrandes au temple (Korbanot), du Roi, des esclaves et se réfèrent à une justice dépassée dans le cas des bâtards, des viols, des homosexuels, des relations conjugales et donnent trop d’emphase aux détails en particulier sur les interdits en matière de relations sexuelles de toutes sortes qui choquent le sens commun aujourd’hui car elle donne l’idée d’une société arriérée.

Heureusement les lois des États modernes font qu’il n’est plus nécessaire de s’y référer. Au cours des deux mille ans passés en diaspora les Juifs ont fait un apport substantiel à la civilisation occidentale malgré le développement de l’antisémitisme exutoire facile de la colère et de la jalousie des peuples. Toutefois nombreux sont les juifs qui aujourd’hui prennent des distances avec les aspects rigides et vieillis de la religion. 

La vie après la mort 

Contrairement à de nombreuses religions, l’accent est surtout mis dans le Judaïsme sur la vie terrestre et après la mort les âmes immortelles à la fois justes et injustes vont comme des ombres dans le Shéol sans confort sorte de néant ou d’Hadès grec et qui n’est donc pas un paradis. Certains courants ont pris l’initiative d’interprétations qui s’éloignent des textes.

Il y avait quatre courants principaux dans le Judaïsme : les Sadducéens (caste des prêtres) qui étaient peu ouverts à la tradition non écrite et ne croyaient pas à une vie après la mort, et les pharisiens qui ajoutaient à la bible une tradition orale et croyaient à une vie après la mort. Les deux autres principaux courants étaient ceux des Esséniens (partisans de l’ascèse et opposés à la façon de pratiquer des Sadducéens) et des Qana’im (ζηλωτ?ς ou Zélotes en grec)intransigeants et partisans de la guerre contre les Romains).

Différents courants du Judaïsme ont fait des interprétations diverses mais la bible n’accorde que peu de place à la question de la vie après la mort. Le Judaïsme ne cherche pas à faire de prosélytisme et ne promet pas une vie extraordinaire après la mort.

Le Temple

Nous avons indiqué à quel point un temple ne correspondait pas au particularisme de la religion d’Abraham et d’Israël car elle était très éloignée de la mentalité des constructeurs de temples qui voulaient y adorer et loger leurs multiples dieux. Sans temple le Judaïsme s’est réconcilié avec un monothéisme plus rigoureux en diaspora.

L’éloignement de la terre d’Israël a toutefois donné lieu à des développements de mouvements sectaires de repli sur soi de la part d’ultra-orthodoxes comme les hassidim (Europe de l’Est) attachés à des maîtres vénérés comme des gourous; ils ont eu tendance à s’enfermer dans des règles restreignant une nécessaire évolution et dans des interprétations herméneutiques en cercle fermé aboutissant à un mysticisme ésotérique loin de l’esprit d’Abraham et d’Israël.

On pourrait penser que ce comportement était un moyen d’échapper au poids de l’exil dans un milieu obsessivement hostile et de former un rempart pour supporter l’exil. L’ensemble des ultra-orthodoxes sont appelés H’aredim (?????) et ceux qui vivent en Israël refusent de s’intégrer dans la vie civile normale.

A chaque fois que cela a été possible les Juifs les plus ouverts se sont intégrés dans les sociétés dans lesquelles ils vivaient et ont apporté à la civilisation une part tout à fait hors de proportion à leur nombre.

Exterminations et expulsions en Europe – Fuite vers le nouveau monde et Renaissance d’Israël

Après deux millénaires de séjour en Europe le peuple juif y a été soit exterminé soit chassé et on peut dire de façon approximative que  le peuple juif vit aujourd’hui pour un peu plus de la moitié en Israël et pour l’essentiel du reste  aux États Unis (la communauté résiduelle juive en Europe est très petite). Dans ces deux pays de très nombreux juifs sont plutôt éloignés de la religion stricte et mais très attaché à l’identité juive  sur une base traditionnelle, historique et nationale qui justifient par bon sens que Jérusalem indivisible soit la capitale d’Israël.

Pour des questions tenant au système électoral des partis ultrareligieux se sont imposés en Israël et rigidifient le Judaïsme dans une forme qui ne convient plus à la plupart des Juifs tant en Israël qu’aux États Unis.  Le mode électoral en Israël aboutit au fait que les partis laïques qui représentent la majorité électorale n’arrivent pas à former de majorité gouvernementale et doivent s’encombrer de petits partis ultrareligieux. Les ultrareligieux nécessaires pour former une majorité gouvernementale imposent des conditions qui vont bien au-delà de ce qu’ils représentent. Pour éviter un chantage à la majorité, le système électoral devrait être révisé.

Le fardeau des Ultrareligieux pour Israël

Les ultrareligieux ne devraient plus pouvoir aller à contre-courant du progrès voulu par la majorité de la population notamment en gérant des affaires civiles en particulier en celles qui concerne le mariage, le divorce et la transmission du Judaïsme.

Un État moderne devrait appliquer le principe de séparation entre les affaires civiles et religieuses. L’immixtion des religieux dans la vie civile se fait aux dépens de la majorité des citoyens. Le fait de ne pas reconnaître le mariage civil implique un divorce religieux (guet) qui ne peut se faire sans le consentement du mari. Les tribunaux religieux composés d’hommes ont tendance à laisser pourrir les situations puisqu’ils ne sont pas en faveur du divorce.

Le Judaïsme se transmet par la mère et cela est logique pour ceux qui pensent qu’une femme n’est pas fiable et qu’on ne sait jamais qui est le véritable père mais cela semble inacceptable quelques soient les raisons données pour couvrir cette réalité. Par ailleurs l’évolution de la génétique fait qu’une femme peut accoucher d’un enfant qui n’est pas le sien (cas des mères porteuses) ou cas des mères qui portent un ovule qui n’est pas le leur, (fécondation assistée). Dans un judaïsme moderne la filiation devrait dépendre du choix des parents.

La loi israélienne est bien plus flexible en ce qui concerne la nationalité puisqu’Israël avait eu pour devoir d’accueillir ceux qui avaient vu leur vie menacée parce qu’ils étaient désignés comme juif par les lois nazies de Nuremberg (un seul grand parent juif). Cette règle reste applicable en Israël.

Les règles des synagogues libérales majoritaires aux États Unis sont nettement plus ouvertes que celles  des orthodoxes ce qui empêche la disparation des juifs du faits du grand nombre de mariages mixtes notamment aux États Unis.

Les Ultrareligieux sont un fardeau pour Israël dont ils bénéficient des avantages en refusant l’intégration sociale et la conscription. Le problème des effectifs prétendument pléthoriques de l’armée peut être régulé par la durée du service et non pas par la mise en cause de la conscription.

La conscription généralisée permettrait aux élèves des écoles ultrareligieuses (Yeshivot) de compléter leurs études laïques, de s’intégrer dans la société, de travailler et de s’éloigner de leurs familles dans lesquelles ils sont pris en otages.

 

2-Christianisme

L’occupation romaine a été ressentie comme particulièrement pénible par le peuple d'Israël en quête d'un espoir de libération fut-il messianique, et ainsi de nombreuses personnes se sont improvisées comme prédicateurs. L'un d'eux est Jean Cohen (fils d'un prêtre du temple) dit Jean Baptiste qui recommandait la purification par l’eau du Jourdain peut-être en complément de l’action des prêtres. La purification par l’eau existait déjà dans le Judaïsme (Mikveh).  Ainsi Jésus qui deviendra aussi prédicateur a été baptisé par Jean dans l'eau du Jourdain.

Le prédicateur Jésus développe une philosophie qui semble être inspirée par celle des Esséniens ou au moins partage de nombreux points communs. Les Esséniens s’opposent au comportement des Saducéens, prêtres du temple et recommandent une vie d’ascèse.

Les prêtres semblaient pour de nombreux juifs dont les esséniens et les adeptes de Jésus, détourner le Judaïsme de sa pureté initiale. Jésus a enseigné comment être un meilleur juif en prônant la tolérance et le pardon qui mènerait au salut dans le Royaume de Dieu. Bien que Jésus veuille rester dans le cadre du Judaïsme cette idée de salut dans le Royaume de Dieu n’existe pas dans le Judaïsme.

Les prêtres le voyaient comme un compétiteur capable de créer du désordre chez un peuple en recherche d’espoir et ont laissé l’occupant romain décider de son sort. D’autres juifs voyaient dans Jésus la possibilité de se solidariser contre l’occupant romain.

La religion de Jésus était le Judaïsme et son enseignement était destiné aux juifs. Le Judaïsme était un passage obligé pour devenir adepte de Jésus.

Après sa mort son frère et disciple Jacques (que d’autres appellent cousin pour préserver le mythe de la virginité de leur mère Marie) prônait le strict respect des règles du Judaïsme.

D’autres disciples décidèrent après la mort de Jésus de transformer sa philosophie en une religion visant à développer le prosélytisme au prix de sa dénaturation.

Paul qui n’avait jamais connu Jésus décida de faire de sa philosophie un Judaïsme hyper simplifié et anthropomorphisé en insistant sur le rôle divin de Jésus de façon à être plus attractif au regard des Païens. Les païens ne pouvaient en effet être ouverts à une religion trop abstraite, trop contraignante par de nombreuses règles dont la circoncision pour un Dieu qu’ils ne peuvent pas voir. On a donc anthropomorphisé Dieu dont la forme visible n’est que celle de Jésus sous forme d’icones et de statues. De nombreux chrétiens confèrent plus d’importance à l’image de Jésus qu’à Dieu qui reste abstrait.

Dans de nombreux pays chrétiens peu développés la référence à Dieu est perçue comme l'image de Jésus. De plus la promesse d'une vie après la mort dans un merveilleux paradis au Royaume de Dieu, que les Juifs ne proposent pas est un argument de poids en matière de prosélytisme.

a-Jésus et les femmes 

Jésus avait des relations très proches avec les deux sœurs de Lazare Marthe, et Marie à Béthanie près de Jérusalem et avec Marie de Magdala en Galilée appelée aussi la pécheresse, ce qui témoigne de son humanité. La bible décrit des gestes affectueux de ces deux Marie envers Jésus mais l’église pense que celles-ci n’étaient qu’une seule femme appelée d’un nom différent selon l’endroit ou elle se trouvait car probablement l’Église n'apprécie pas les relations féminines multiples quelle qu'en soit la nature. Dans la pratique ceci parait douteux car le voyage de Magdala (Migdal) à Béthanie était long d’environ 150 km à faire à pieds ou à dos d’âne sur les chemins de l’époque. 

b-La vie après la mort :

Après la mort les âmes justes vont au Paradis est donc un concept qui est absent du Judaïsme. Ce paradis céleste est à l’image du paradis terrestre (Jardin d’Éden). Le Paradis est un endroit merveilleux où l’on trouve le bonheur parfait avec de nouveaux corps adaptés à la vie céleste. C’est la demeure de Dieu, des anges et de ceux qui sont morts en bons chrétiens. Il n’y aura plus de souffrances, maladies, péchés et la principale activité sera de louer et d’adorer Dieu. Les âmes injustes iront en Enfer pour vivre dans la souffrance.

c- Le manque de loyauté et d’honnêteté de l’Église à l’égard de Jésus 

Le problème du Christianisme est son manque de loyauté et d’honnêteté à l’égard de son créateur Jésus puisque cette religion a été le fruit de marchandages et d’interprétations grossières qui ont eu lieu des années et des siècles après sa mort.

Il faut noter que les évangiles ont été écrits quarante ans après la mort de Jésus. Jésus est souvent appelé Jésus Christ (qui signifie "oint" en grec) parce qu’il aurait reçu l’onction (versement d’huile sur la tête) comme les Rois, les personnes consacrées à Dieu et le Messie. Afin d’être le Messie Jésus devait descendre du Roi David et recevoir l’onction.

Pour continuer dans la lignée du Roi David on a fait naître Jésus à Bethlehem qui est la ville de naissance du Roi David alors qu'il serait probablement né à Nazareth.

Jésus est le fils de Marie et de Joseph mais toutefois cette nature humaine n’a pas été retenue et on a préféré que Marie soit vierge et qu’il soit le fils de Dieu. Cet arrangement semble avoir été inspiré de la mythologie de Zarathoustra ou d’Hélène et Pollux. C’est lors du concile de Nicée en 325 qu’il a été décidé que Jésus était le fils de Dieu.

Au concile de Constantinople en 381, le concept de la trinité a été adopté "Dieu le père, le Fils et le Saint Esprit". La divinité du Christ y a été confirmée et le concept du Saint Esprit y a été adopté. Le saint esprit selon les chrétiens n'habite ni le père ni le fils aussi est il nécessaire de considérer les trois pour avoir une divinité complète.

Au concile d’Éphèse en 431 on a nommé Marie mère de dieu. Ainsi la notion de divinité est complètement dispersée sur le père, le fils, le saint esprit et la mère et à partir de ce concile il est difficile de parler de monothéisme strict en ce qui concerne le christianisme et cela représente une rupture nette avec le judaïsme de Jésus.

Pour réconcilier l'inconciliable on emploie des concepts qui se contredisent et sont vides comme l'individualité et la consubstantialité des éléments de la trinité.

Au concile de Chalcédoine en 451, on a déclaré que le Christ était à la fois Dieu et Homme.

Au concile de Nicée en 787, on a précisé qu’il fallait adorer les personnages des icônes et non pas les Icônes eux-mêmes et on a condamné les iconoclastes. Il va sans dire que les simples croyants ne vont pas s’embarrasser de telles subtilités et vont adorer les icones comme on peut le constater en particulier dans les Églises orthodoxes.

d -La représentation de Jésus

Toujours à des fins prosélytiques Jésus a été très représenté avec les traits des populations que l’on voulait convertir, en particulier comme un bel homme de type plutôt scandinave aux cheveux blonds et longs et aux yeux bleus alors qu’il était juif de Galilée et en conséquence sémite brun, aux yeux foncés, aux cheveux noirs et courts (courant à l’époque  car sans doute adapté au climat).

L’Église a développé un antisémitisme initialement dû au fait que la majorité du peuple juif n’avait pas adopté le christianisme comme complément indispensable et que les prêtres avaient livré Jésus aux Romains. Cet antisémitisme transpire même dans la représentation des personnages de la bible dont Jésus. De nombreux symboles ont représenté le christianisme mais l’Église a préféré celui de la Croix qui représente la torture romaine et de Jésus crucifié ce qui n’est pas porteur de la philosophie chrétienne mais encourage à la vengeance contre les juifs désignés par l’Église comme responsables de sa crucifixion jusqu’au concile Vatican II.

e-Les textes cachés de l’Église 

L’ensemble des Églises chrétiennes a décidé de faire une nouvelle bible tout en reconnaissant la Bible juive (Tana’h), sur la base de seulement quatre évangiles (ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean) alors qu’il existe 76 autres textes chrétiens que l’Église a décidé de cacher (apocryphes) dont 13 autres Évangiles. Ce n’est qu’aujourd'hui que les chercheurs ont décidé de se pencher aussi sur les textes cachés. 

f-Cas particulier de l’évangile de Judas (texte caché)

Dans cet évangile Judas apparaît être le plus proche disciple de Jésus qui lui donne comme mission de l’aider à sacrifier son enveloppe charnelle.

La prétendue trahison de Judas aura eu les pires conséquences car du fait de son nom c’est l’ensemble du peuple juif qui a été perçu comme traitre.

On voit donc qu’à mesure que le temps a passé depuis la mort de Jésus  les autorités chrétiennes ont transformé une religion monothéiste en une religion polythéiste.

L’Église ne se sort de cette évidence qu’en appelant la trinité « un mystère ».

g- Jésus et le tombeau de Talpiot à Jérusalem

En 1980, près d’un immeuble à Talpiot (quartier de Jérusalem) un caveau a été mis au jour comprenant cinq ossuaires datant du second temple : celui de Jésus fils de Joseph, celui de Marie, celui de Joseph, celui de Judas fils de Jésus, celui d’une autre Marie et celui de Matthieu.

Pour ceux qui pensent qu’il s’agit de la tombe de Jésus et de sa famille, cela remet en cause sa résurrection, son caractère divin et semble montrer qu’il aurait eu une vie familiale normale.  D’autres prétendent que si c’était la tombe de Jésus, elle devrait être en Galilée selon la tradition et pourtant la Bible fait état d’une tombe à Jérusalem et Jacques le frère de Jésus aussi Galiléen avait aussi été enterré à Jérusalem.  Finalement il a été dit que de très nombreuses personnes a cette époque s’appelaient Jésus, Marie, Joseph, Judas….et qu’il s’agissait d’un ensemble d’homonymies par coïncidence dans le même lieu.

On a préféré sceller définitivement cette tombe avec une dalle de béton et ne pas tenter de remettre en cause le Christianisme tel qu’il est devenu. Ces faits s’ils étaient avérés ne mettraient pas en cause la philosophie de Jésus.

 

3-Islam

L’Islam qui signifie soumission à Dieu, prône le retour à un monothéisme strict et absolu à l’inverse du christianisme. L’islam se fonde sur un nouveau texte, le Coran, révélée jusqu’en 632 au prophète de cette nouvelle religion, Mahomet. La plupart des tribus de la péninsule arabique étant animistes il fallait les faire évoluer en les guidant vers le monothéisme. L’Islam s’est inspiré du Judaïsme et du Christianisme mais a développé au travers du Coran et de la Sunna une religion très différente.

L’Islam semblait être destiné initialement aux seules tribus de la péninsule arabique en raison de la langue arabe dans laquelle le Coran doit être lu et de problèmes soulevés concernant la région de la Mecque et de Médine.

En fait l'Islam comme le Christianisme est prosélyte malgré la langue arabe (alors que le christianisme avait adopté le latin pour mieux se répandre en occident) et s’est rapidement étendu à d’autres continents par la guerre sainte car il n'y a de salut pour les mécréants c'est à dire les peuples du livre (Bible et donc juifs et chrétiens) que par la conversion à l'Islam.

Les musulmans sont tenus à cinq obligations fondamentales : (i) la déclaration de foi, (ii) cinq prières par jour, (iii), le jeûne du Ramadan, (iv) l’aumône envers les nécessiteux, et (v) le pèlerinage à la Mecque.

Les obligations des musulmans sont donc simples et claires et favorisent le prosélytisme.

Les diverses versets du Coran condamnant les Juifs et les Chrétiens (mécréants) ont sans doute été le nerf de la guerre sainte qui a permis une rapide expansion géographique de l’Islam à l’Ouest.

Les juifs sont l’objet d’une haine particulière en raison du refus des trois tribus juives de Médine (Yathrib) de reconnaître Mahomet comme un prophète : les Banu Qaynuqa et les Banu nadir furent expulsés et les hommes des Banu Qurayza furent tués et leurs familles réduites en esclavage.

Voici comme exemple deux illustrations de cette véhémence dans le Coran :

Sourate 4 Verset 56, « …Nous allons brûler dans le feu ceux qui ne croient pas au Coran… » - Sourate 5 Verset 51), «…Ne prenez pas pour alliés les juifs et les Chrétiens, ils sont alliés entre eux… ». - Sourate 5 : Verset 82. « …Tu trouveras certainement que les Juifs et les associateurs sont les ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent nous sommes chrétiens… »

La vie après la mort 

Voici quelques exemples pour illustration :

Coran: Sourate 52 - -Verset 15 : le Paradis et l’enfer : « Il y aura des ruisseaux d’une eau jamais malodorante, des ruisseaux de lait au goût inaltérable, des ruisseaux d’un  vin au goût délicieux, des ruisseaux de miel et des fruits de toutes sortes ; dans l’enfer les autres s’éterniseront dans le feu et boiront une eau bouillante qui leur déchirera les entrailles » -Verset 19, « En récompense de ce que vous faisiez, mangez et buvez  en toute sérénité. » -Verset 20, «Accoudés sur des lits bien rangés, nous leur ferons épouser des houris(*) aux grands yeux noirs » Verset 22, « Nous les pourvoirons abondamment en fruits et en viandes.»

(*)Les Houris sont des femmes de grande beauté qui sont éternellement jeunes et vierges.

L’islam est donc un retour au monothéisme pur par rapport au Christianisme. Il est toutefois très intolérant à l’égard des religions du livre (Judaïsme et Christianisme). En ce qui concerne la vie après la mort qui est un élément négligeable dans le judaïsme, l’Islam donne au paradis chrétien qui prétend offrir un bonheur spirituel, une dimension très matérielle.

Pour l’Islam le Paradis garantit un bonheur des sens bien supérieur à celui que l’on peut espérer dans la vie terrestre.

L’Islam est la seule des trois religions monothéistes à proposer un paradis qui corresponde aux aspirations matérielles de l'homme et qui tend donc à encourager le sacrifice au nom de Dieu (par suicide) pour rejoindre immédiatement ce Paradis ainsi que l’on peut le voir malheureusement trop souvent aujourd’hui. En dehors des Houris les femmes ne sont pas mentionnées comme destinataires possibles de ce paradis.

Par ailleurs le monothéisme rigoureux de l’Islam peut mettre en cause les Droits humains puisque seul Dieu est digne de privilèges ; ainsi certains musulmans qui vivent dans des pays dits mécréants peuvent ne pas se sentir liés par leurs lois.

 

V- DU MONOTHEISME A L’ATHEISME

1-La prédominance des Droits de l’Homme dans une société moderne et de progrès

Les sciences ne nous ont pas apporté toutes les réponses mais nous ont appris à appliquer le mode de questionnement le plus adapté pour progresser, mesurer l’étendue de notre ignorance et accroître les limites de notre perception.

Appeler dieu ce que nous ne comprenons pas n’est plus une attitude acceptable à notre niveau de civilisation technoscientifique ; ce comportement correspond à la politique de l’autruche. En effet se contenter de mythes, de convictions gratuites que l’on appelle la foi est un aveu d’incapacité, de sous développement intellectuel et un renoncement aux défis que l'on peut relever par un long travail de recherche méthodique qui nous guidera par la raison sur le chemin des réponses. Il faut donc continuer à démystifier les dieux comme Abraham a démystifié les idoles.

Les religions actuelles sont généralement toujours proches des religions antiques et lorsqu'elles évoluent vers l’abstrait (monothéisme) on tente de les ramener à un crypto-polythéisme comme l’a fait l’Eglise pour se mettre au niveau de ses ouailles. Toutefois le progrès et l'enseignement font que ses ouailles dépassent le niveau de ce que leur apporte l’Église dont elles se détournent progressivement.

Les religions ont pu jouer un rôle positif pour que les hommes craignent les conséquences fâcheuses d’un comportement immoral mais leur sens moral était trop approximatif et lié au temps ; c’est à présent aux États de remplir ce rôle et de faire craindre aux citoyens les conséquences d’un comportement immoral au moyen des lois et du système judiciaire.

Les États et les religions ont la faiblesse des hommes qui les dirigent, mais pour lutter contre cela la Démocratie et les Droits de l’Homme doivent être le fondement des États.

Par opposition les religions constituent un danger pour les Droits de l’Homme car elles se placent avec leurs dieux au dessus des Hommes.

Dans les religions la condition humaine est mise en compétition avec Dieu et celles-ci ne proposent de vie meilleure qu’après la mort ce qui est paradoxal et limité à l’imaginaire. Il faut quand même noter que seul le Judaïsme parmi les trois monothéismes ne propose pas de vie meilleure avec le Shéol et met en conséquence l’accent sur la vie sur terre.

Le 3 novembre 1789 la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen a été promulguée en France avec une portée philosophique universaliste et juridique. En 1948, René Cassin, a pris l’initiative de faire adopter par l’ONU la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Le 7 décembre 2000 la Chartre des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne a été adoptée et va au-delà de la Déclaration des Droits de l’Homme en y incluant le droit à l’éducation, au travail, le droit des handicapés, des enfants, des personnes âgées. La Charte prévoit aussi le droit de grève, la protection contre les licenciements injustifiés, le droit à la sécurité sociale, à l’aide sociale et à la protection de la santé ainsi que le droit à une bonne administration et à une justice équitable.

Ce texte constitue un progrès mais il n’est appliqué de facto qu’au bon vouloir des chacun des États membres, c’est-à-dire le moins possible par ceux qui ont en le plus besoin.

2-Que peut-on faire des religions ?

a-Bilan

La mythologie du divin ne peut plus convenir aujourd’hui comme elle convenait aux peuples anciens qui manquaient de connaissances, de méthode et d’une vision globale sur le monde et les univers. Le divin était source d’espoir face aux phénomènes naturels et aux évènements que l’être humain vulnérable ne pouvait pas comprendre. Le divin correspond à une compensation imaginaire par l’homme de ses limites intellectuelles et connaissances du moment, qui changent à mesure de leur accroissement.

Ainsi on constate dans les pays développés une croissance substantielle de l’athéisme « dit » ou « non dit » et l’on peut penser que bientôt le divin sera considéré comme une croyance aussi folklorique que les mythologies anciennes.

Les Églises avec leurs iconographies et musiques célestes sont dignes des religions anciennes avec en plus une dispersion de la représentation de Dieu et un autel sacrificiel. L’Eucharistie n’est en effet pas le symbole du sacrifice de Jésus comme la plupart des croyants le pensent mais « est » ce sacrifice lui-même reproduit par transsubstantion (sorte d’effet magique) et le prêtre réalise donc un miracle dans le cadre d’une mission divine que l’Église s’octroie.

Quand les prêtres catholiques qui se prennent pour les prêtres du Temple de Jérusalem et de plus prétendent reproduire l’Eucharistie dans sa réalité on comprend que ces hommes qui auraient de tels pouvoirs surhumains doivent rester célibataires avec tous les risques déviances sexuels que cela implique. Lorsque le catholicisme deviendra humble en acceptant que l’Eucharistie est symbolique et que les Églises ne sont pas des lieux sacrés à l’image du Temple de Jérusalem, il reviendra alors sur le chemin de son créateur.  Dans le passé des juifs avaient été tués car on avait prétendu qu’ils avaient brisé l’hostie consacrée dans le cadre de l’Eucharistie et que le sang du Jésus en avait jailli.  Les évangélistes n’attribuent qu’un caractère symbolique à l’Eucharistie et leurs temples ne sont pas des lieux sacrés contrairement aux Églises.

De très nombreuses Églises sont désertées aujourd’hui dans les pays développés car elles ne correspondent plus aux besoins des hommes modernes. Nous avons pris l’exemple de l’Église mais dans l’ensemble des religions persistent encore des croyances anciennes et mythologiques.

L’effroi des musulmans de voir des juifs prier sur le Mont du temple peut suggérer que selon eux  qu’elles pourraient influencer le jugement de Dieu. Le vœu de reconstruire un temple à Jérusalem ne convient pas non plus à l’évolution bimillénaire du Judaïsme à moins que celui-ci ne soit construit qu’en tant que musée ou dans un musée et non pas comme un lieu de Culte. Un temple comme lieu de culte donnerait au Judaïsme une structure similaire à celle des religions antiques loin d’un monothéisme rigoureux renforcé dans la diaspora. Dans le cadre du monothéisme un dieu  abstrait et intangible n’a pas de résidence où de lieu de prédilection.

Si Israël avait voulu retourner aux anciennes coutumes on aurait immédiatement créé une monarchie à l’image de celles des temps bibliques et non pas une démocratie. 

Le retour des Juifs en Israël est dû à un attachement historique et identitaire qui font de ce pays leur pays d’origine et au fait que l’Europe où ils vivaient en majorité les a chassés ou exterminés et non pas au fait que Dieu soit plus présent sur cette terre qu’ailleurs.  

b-Religions et fascisme

Le divin a aussi servi à donner des règles morales à l’être humain tout en le maintenant sous contrôle. Toutefois les XXe et XXIe siècles ont montré l’inefficacité des Églises en matière de morale.

Cette inefficacité a été illustrée par les deux conflits mondiaux, la Shoah et plus récemment le génocide au Rwanda avec une certaine bienveillance de l’Église ainsi que le montre le reclassement en Europe de certains prêtres du Rwanda favorables au génocide.

De plus l’inquisition, la tentative d’extermination des musulmans de l’ex-Yougoslavie et la surprenante tentative d’extermination des musulmans en Birmanie Bouddhiste montre de nombreux points communs entre fascisme et religions.

Le lien avec le fascisme est aussi illustrée par la présence du Grand Mufti de Jérusalem à Berlin pendant la guerre et par son soutien à l’extermination des juifs ; ainsi lors de sa présence à Berlin ont été créées les 13e et 23e divisions SS musulmanes. De même la Syrie et l’Égypte avaient recruté au lendemain de la guerre des conseillers militaires Nazis spécialistes de fait dans l’anéantissement des juifs.

Les Églises allemandes contre la dénazification au lendemain de la guerre 

Dès 1945 les églises ont craint qu’une épuration dans les services publics soit favorable aux libéraux, sociaux-démocrates et communistes et leur ferait perdre leur forte assise chez les conservateurs.

Cette opposition en particulier de l’Église évangélique s’explique aussi par la compromission d’un grand nombre de pasteurs avec le nazisme.

c-Place raisonnable des religions

Débarrassées du divin les religions pourraient devenir des repères identitaires ou nationaux par les traditions, la culture et l’histoire. Ainsi les êtres humains pourraient garder leurs racines dans un univers tolérant ; de plus le mélange croissant de personnes d’origines différentes va dans ce sens. Dans le domaine de la vie civile et de la justice force resterait aux États qui devront choisir la démocratie laïque dans le cadre des Droits de l’Homme pour convenir à tout le monde.

d-Écologie

Malgré la croissance globale de l’athéisme dans les pays développés avec des soubresauts en réactions au flux des réfugiés des pays pauvres, les conflits interreligieux apparaissent dans les pays les moins développés qui rassemblent une grande partie de la population mondiale.

Au cours de la seule année de 2017 la population mondiale s’est accrue de 82 millions de personnes (naissances moins décès) soit l’équivalent de la population de la Turquie ou de l’Iran. La population mondiale atteint 7, 6 milliards d’habitants ce qui constitue un dépassement des capacités de la planète si tout le monde avait un niveau de vie équivalent à celui des pays développés.  

L’accroissement démographique est individuellement une sorte de sécurité économique mais globalement mène vers une impasse et les religions incitent souvent les individus à se reproduire. 20 pays soit 10% des pays représentés à l’ONU représentent 70% de la population mondiale, 10 pays soit 5% des pays de l’ONU représentent 58% de la population mondiale et la Chine et l’inde représentent 37% de la population mondiale.

Pour éviter de faire face à la mort et éviter les conséquences de la décomposition des corps, les hommes ont le plus souvent enterré le corps des défunts et les religions ont en fait un véritable culte. La croissance démographique fait que le nombre des morts s’accumulant, les lieux funéraires prennent de la place et empiètent sur le domaine des vivants et la population des vivants dans certains pays s’est résignée à habiter dans les cimetières. La mise en terre des corps toujours plus nombreuse (58 millions de décès au cours de la seule année 2017), soit presque toute la population de l’Italie) implique une extension des lieux funéraires et comporte un risque dans certains cas de pollution des nappes phréatiques. La crémation constituerait une meilleure option pour préserver la planète.

La planète doit être protégée des hommes et nous ne pouvons pas compter sur un père de substitution imaginaire comme le divin pour résoudre nos problèmes.