LES RACINES D'ISRAEL

 

LES RACINES D’ISRAEL

Et l’antisémitisme Européen

Didier BERTIN -30 Mars 2010

 I-ORIGINE DE LA TERRE

1-Peuple :

Hébreu (racine : passer) qui signifie nomade est le nom d’une tribu sémite du sud de la Mésopotamie, à laquelle Abraham, fondateur du monothéisme, aurait appartenu.

2-Nom :

Selon les traditions orales et religieuses reprises par écrit dans la bible plusieurs siècles après les évènements qu’ils relatent, Abraham ancêtre des hébreux, eut pour petit fils Jacob fils d’Isaac que l’on aurait symboliquement appelé Israël et qui eut 12 fils ; sa descendance aurait constitué le peuple d’Israël.

3-Situation géographique :

Abraham aurait quitté la ville d’Ur, ville sumérienne cette époque, pour s’installer dans la région de l’actuel Israël d’où l’origine géographique d’Israël et cela sans tenir compte de mouvements de population d’ordre symboliques et mythologiques rapportés par la bible. D’autres peuples auraient aussi vécu dans la même région comme les cananéens qui viendraient aussi de l’Est et des philistins dont l’origine est probablement Indo-européenne.

4-Histoire du Royaume d’Israël jusqu’à la Diaspora :

Le Royaume d’Israël fut divisé en deux en 922 avant JC. Le nord maintint le nom de Royaume d’Israël mais fut détruit par le Assyriens en 722 avant JC et le sud c'est-à-dire le Royaume de Juda appelée aussi Judée (du nom d’un des 12 fils de Jacob) se maintint malgré l’invasion Babylonienne du VIe siècle avant JC. La Judée avait gardé les croyances, les lois, les traditions et l’organisation religieuse d’Israël en y apportant des adaptations, des interprétations et des codifications, malgré l’invasion babylonienne au VIe siècle. C’est après l’invasion babylonienne que l’on a parlé de Judaïsme et de Juifs par référence à la Judée mais pour désigner l’ensemble du peuple d’Israël et son patrimoine culturel et religieux.

Israël subit donc de nombreuses invasions dont la dernière fut celle des Romains en 63 avant J.C menée par le Général Pompée. Les Romains supportaient mal les révoltes locales et en particulier celles d’Israël. La domination d’un petit nombre de Romains sur de très larges territoires était fondée sur une pacification obtenue par une répression violente combinant esclavage, crucifixions, massacres et destructions appelée aussi « Pax Romana. ». La Pax Romana pouvait aussi être vue comme l’abandon des prérogatives des peuples sur leur territoire en échange d’une protection contre les barbares et du bénéfice des avancées de la civilisation romaine.

La Judée illustra bien la technique répressive des romains ; ainsi en 70, ils détruisirent le Temple de Jérusalem et en 135 après la révolte de Bar Kokhba, ils détruisirent Jérusalem, expulsèrent le peuple d’Israël hors de Judée et changèrent même le nom de la Judée en « Terre des Philistins » (qui furent selon la tradition les ennemis d’Israël) soit Palaestina ou Palestine.

Cette expulsion ou dispersion ou diaspora a permis de faciliter l’expansion du christianisme et de son corollaire « l’antisémitisme. »

II- LES PRECURSEURS DU SIONISME

Les facteurs culturels, la langue, l’histoire, les traditions, la religion mais aussi de façon importante l’antisémitisme ont permis de préserver ou d’imposer la spécificité du peuple Juif. L’antisémitisme tenace à entretenu les idées d’un retour à une terre propre au peuple juif. Le sionisme est un ensemble de courants de pensée qui préconisent le retour à la terre d’origine le plus souvent pour fuir les persécutions antisémites.

La fin du dix-huitième siècle et le début du dix-neuvième est marquée par une nette opposition entre le libéralisme naissant en Europe occidentale et la dureté des régimes d'Europe Centrale et Orientale. Alors qu'un décret Napoléonien émancipait politiquement les Juifs en Europe occidentale en 1806, haine, injustice, pogroms et discrimination s’accroissaient en Europe Centrale et Orientale. Les idées libérales pénétrèrent malgré tout en Europe centrale avec les percées napoléoniennes. Napoléon Bonaparte fut l’un des premiers à appeler "les Juifs à se rallier sous ses drapeaux pour restaurer l’antique Palestine.  Il envisageait même de créer un Etat Juif. 

Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge, aurait proposé la création d'une "Société Internationale pour l'Orient" dont la tâche serait de rénover l'agriculture, d’implanter des industries, de reconstruire le port de Jaffa et des voies ferrées afin d’organiser l'immigration de Juifs en Palestine. 

Parmi les Juifs précurseurs du sionisme, on peut citer le talmudiste Zvi-Hirsch Kalischer qui publia en 1862 un ouvrage dans lequel il écrivit que le retour en Palestine ne pourra s'effectuer par l’agriculture et créa une société agricole juive à Francfort. A Odessa, Léo Pinsker qui avait assisté à la vague de pogroms qui a suivi l’assassinat du Tsar Alexandre II en 1881, publia en 1882 une brochure appelée « l'Auto émancipation, » et dans laquelle il expliquait que l'antisémitisme était dû à l’absence d’Etat Juif dont il préconisait la création.

En 1884, le premier mouvement sioniste pris naissance à Pologne, à Katowice sous le nom des « Amants de Sion ». Le français Charles Netter, oncle du célèbre professeur de Médecine Arnold Netter, émigra en Palestine et créa en 1880 une école d'agronomie près de Jaffa et le Baron Edmond de Rothschild y finança de nombreux projets.

III - NAISSANCE DU SIONISME MODERNE

 Théodor Herzl fonda le Sionisme moderne, il naquit en Hongrie, vécu à Vienne et était un Juif assimilé à la fois journaliste et écrivain. L’antisémitisme du philosophe allemand Eugen Dühring, les pogroms en Russie, et l’antisémitisme français illustré par Drumont et par l’Affaire Dreyfus en novembre 1884, l’ont amené à considérer une solution politique pour parer à l’hostilité à l’égard des juifs. En 1885, Il écrivit "l'Etat Juif" (Der Judenstaat) dans lequel il présenta les idées suivantes :

  1. Les Juifs, minoritaires partout sont condamnés à supporter l'antisémitisme que leur position minoritaire encourage chez les peuples qui les accueillent
  2. Un Accord international devra garantir aux Juifs un territoire en Palestine 
  3. Une association politique et une compagnie économique, devront être chargées des négociations, du financement et du développement du futur Etat

L'association politique a été "l’Organisation Sioniste Mondiale "; et le Fonds National Juif créé en 1899 à Londres, a été cette compagnie économique qui organisa 2 années plus tard la Banque Anglo-Palestinienne.

IV – EVOLUTION DU SIONISME

A sa mort, Théodore Herzl avait laissé un projet que Haïm Weizmann et David Ben Gourion, purent réaliser.  Cependant le mouvement sioniste était lui-même divisé entre « les politiques », suivant les idées de Théodor Herzl sur la nécessité d’obtenir un accord international sur le principe de l’Etat juif et « les pragmatiques » qui considéraient qu'il fallait en priorité s’installer en Palestine et y créer des villages. Les pragmatiques virent leur position renforcée par l’augmentation des pogroms autorisés par le régime tsariste en tant que dérivatif à l’échec de la révolution de 1905.Les sionistes « pragmatiques » donnèrent une réalité à l’implantation en Palestine mais de lourdes menaces pesaient sur les immigrants que seule une solution politique pouvait lever. Le sionisme avait besoin de ce double aspect pragmatique et politique. Haïm Weizman créa l’idée du « sionisme synthétique », alliant le sionisme politique au sionisme pragmatique.

V - CONSECRATION DU SIONISME –Soutien opportun de la Grande Bretagne

Haïm Weizman né en Biélorussie en 1874, était une haute personnalité scientifique en Angleterre en tant que Directeur de la Recherche scientifique auprès de l’amirauté britannique et inventeur de l’acétone synthétique en 1916 indispensable au maintien de la production d’explosifs au cours de la première guerre mondiale. Il a pu obtenir du Gouvernement britannique une déclaration exprimée par « Lord Arthur Balfour », le Foreign Office Secretary du Premier Ministre David Lloyd Georde, le 2 novembre 1917, sous forme de lettre adressée à Lord Rothschild dont les principaux termes étaient les suivants :

« Le gouvernement de Sa Majesté envisage avec faveur l'établissement en Palestine d'un Foyer National (National Home) pour le peuple juif, et fera de son mieux pour en faciliter la réalisation, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine, non plus qu'aux droits et au statut politique dont les Juifs bénéficient dans les autres pays ».

Haïm Weizman devint en 1948, le premier président de l’Etat d’Israël.

Le nom de Balfour doit aussi être lié à l’ « Aliens Act » qu’il avait fait voter en 1905, alors qu’il était Premier Ministre et qui visait à empêcher les Juifs de Russie et de Pologne de venir se réfugier en Grande Bretagne au plus fort des Pogroms dont que nous avons évoqués.

La déclaration du Gouvernement Anglais en 1917 fut aussi et dans les faits un moyen en apparence généreux de réguler la circulation des populations Juives d’Europe Centrale en leur trouvant une terre d’accueil.

La déclaration de 1917 de Lord Balfour, avait été soutenue par le ministre français des affaires étrangères Stephen Pichon.  Ainsi le Sionisme fut consacré par deux grande puissances, et quelques mois plus tard, en avril 1920, la toute récente Société des Nations (SDN), c'est-à-dire 42 Etats –fondateurs, confirma, lors de la Conférence de San Remo, la déclaration du Gouvernement anglais appelée « Déclaration Balfour », et confia à la Grande-Bretagne le 24 Juillet 1922 (SDN : 51 Etats à cette date) « LE MANDAT » de la Palestine, afin de donner une réalité aux termes de la déclaration anglaise. La Palestine était constituée des actuels territoires d’Israël, de Gaza, de la Cisjordanie et de la Transjordanie.

Israël n’est donc pas né uniquement de la décision de l’ONU en 1947, mais aussi du vote de la SDN en 1920. Puisque le principe de l’Etat Juif était adopté, on aurait pu penser qu’en 18 ans la Grande Bretagne aurait eu assez de temps pour le créer avant 1940 et permettre à une grande partie des Juifs d’Europe d’échapper à l’extermination.

La Grande Bretagne réalisa rapidement que la mise en place du mandat pouvait mettre en danger la réalisation de ses ambitions sur l’ancien Empire turc, les voies de communications et l'accès aux ressources pétrolières.

VI- LE MANDAT – Principaux articles

 « Article 2 : Le mandataire assumera la responsabilité d’instituer dans le pays un état de fait politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif, comme il est prévu au préambule, et à assurer également le développement d’institutions de libre gouvernement, ainsi que la sauvegarde des droits civils et religieux de tous les habitants de la Palestine, à quelque race ou religion qu’ils appartiennent. »

« Article 4 : Un organisme juif convenable sera officiellement reconnu et aura le droit de donner des avis à l’autorité administrative de la Palestine et de coopérer avec elle dans toutes questions économiques, sociales et autres, susceptibles d’affecter l’établissement du foyer national juif et les intérêts de la population juive en Palestine, et, toujours sous contrôle de l’autorité administrative d’aider et de participer au développement du pays. L’Organisation Sioniste sera reconnue comme étant l’organisme visé ci-dessus, pour autant que selon l’avis du mandataire, son organisation et sa constitution seront jugées convenables. En accord avec le gouvernement de Sa Majesté britannique, elle prendra toutes mesures nécessaires pour assurer la coopération de tous les Juifs disposés à collaborer à la constitution du foyer national juif. »

VII –COMPORTEMENT HOSTILE DE LA GRANDE BRETAGNE JUSQU’EN 1945

1-De la déclaration de Lord Balfour au Mandat Britannique

Soucieuse d’étendre son Empire aux zones contrôlées par la Turquie, la Grande Bretagne tentait de susciter chez les arabes des mouvements nationalistes supposés se placer au-dessus des traditionnels conflits tribaux. Pendant la Guerre de 1914-1918, le colonel Thomas Lawrence du service d'espionnage militaire britannique attisa la révolte des Arabes contre les turcs et unifia leurs forces armées contre eux.

Après avoir favorisé la chute de l’Empire Ottoman en créant des nouveaux nationalismes arabes et en choisissant leurs dirigeants, la Grande Bretagne voulait en affermissant ses relations avec les Etats arabes, maintenir son contrôle sur une grande partie des territoires précédemment sous le contrôle Ottoman.  Le démantèlement de l’Empire Ottoman au profit de la Grande Bretagne, de la France et de la Russie fut préparé aux termes des accords Skypes-Picot en 1916 mais l’empire ottoman disparut lors de l’accord de Lausanne en 1923 en conséquence duquel il fut remplacé par la Turquie qui n’est qu’une partie résiduelle de celui-ci.et en particulier sur les zones pétrolières et les de voies de communication. 

La déclaration de Lord Balfour et le mandat confié par la SDN, devinrent une gêne pour les intérêts propres à la Grande Bretagne. On peut penser qu’elle n’a cependant pas renoncé au mandat pour garder le contrôle de la situation.

2-Hostilité de la Grande Bretagne à l’application de son mandat et lutte contre les réfugiés juifs au cours de la seconde guerre mondiale

La grande Bretagne s’opposa progressivement à l’Etablissement d’un Etat Juif en Palestine, en contravention avec les termes de la déclaration de Lord Balfour et du mandat de la SDN. Cette opposition fut exprimée dans 3 livres blancs édités en 1922, 1930 et 1939.

En 1922 le livre blanc du Gouvernement de Winston Churchill établit en très crus que la Palestine ne devait pas devenir « aussi juive que l'Angleterre est anglaise », et souhaita plutôt créer « un centre auquel le peuple juif dans son ensemble puisse, pour des raisons de religion ou de race, éprouver de l'intérêt et de l’orgueil et puisse y immigrer dans la limite de la capacité d'intégration du pays ».

Le principe d’une présence Juive était en principe maintenu, mais devenait subsidiaire à la présence arabe. Winston Churchill modifia donc unilatéralement les termes du mandat de la SDN.

La publication du Livre Blanc de 1930 fit suite aux émeutes du 21 octobre organisées par le Grand Mufti de Jérusalem, « Hadj Amin El Husseini ».  Pour la Grande-Bretagne, ces troubles n'étaient que la conséquence du développement du Foyer National Juif et signifiaient qu'il fallait donc réduire le nombre d’émigrants juifs et l'acquisition de terres par les juifs.

En 1937, la Grande Bretagne proposa un partage irréaliste de la Palestine comprenant des transferts de populations, entre une bande côtière, une partie de la Galilée et l’établissement d’un corridor jusqu’à Jérusalem pour permettre aux les Juifs d’y accéder. De toute façon les Arabes refusèrent cette proposition.

Les Anglais pouvaient ainsi prétendre en 1938, que le partage était impossible et publièrent un 3e Livre Blanc le 17 mai 1939 qui consacrait les revendications des Arabes, et limitaient définitivement l'immigration Juive à 75 000 nouvelles personnes étalées sur 5 ans correspondant exactement à la période de la guerre. Toute nouvelle immigration devait ensuite être autorisée par les autorités arabes. Cette décision ne prenait donc pas en compte de la montée de l’antisémitisme en Europe et tout particulièrement en Allemagne.

Face aux persécutions nazies en Europe dont les conséquences furent amplifiées par le refus des Anglais d'autoriser l'immigration en Palestine, la solution adoptée par l’agence Juive fut l'immigration clandestine appelée « Alyah Bet » ou « Ha’apala ». Les anglais réagirent en annonçant leur intention d’arrêter et de déporter les réfugiés juifs clandestins. Ainsi en 1942, le navire « Struma » coula avec ses 768 réfugiés d’Europe après avoir été repoussé au large de la Palestine par les Anglais.

3-Début de partage unilatéral de la Palestine par la Grande Bretagne    

La Grande Bretagne avait soutenu la révolte arabe de 1916 contre les autorités turques, menée par le Chérif Hachémite de la Mecque, Hussein Ibn Ali. Au titre de ses liens avec Hussein Ibn Ali, la Grande Bretagne décida unilatéralement en 1921 de confier les trois quarts du territoire objet de son Mandat, c'est-à-dire la Transjordanie ou l’actuelle Jordanie (Rive gauche du Jourdain jusqu’à l’Irak) à l’un de ses quatre fils, l’Emir Abdallah. De la même façon, elle confia le

Royaume d’Irak (hors du Mandat) à un autre de ses fils, Fayçal, après avoir tenté de lui donner la Syrie.

La Transjordanie dont la superficie est de 89 342 km2 essentiellement composée de territoires arides avec un accès à la mer rouge et une population essentiellement palestinienne aujourd’hui, représentait 76% du territoire objet du mandat d’une superficie totale de 117 634 km2.

Les anglais ont donc pris une initiative unilatérale majeure en 1921 en ce qui concerne le partage de la Palestine. Ils prirent avantage de l’article 25 du mandat qui leur donnait une certaine liberté sur la Transjordanie , sous réserve de l’accord du Conseil de la SDN. Ils donnèrent une apparent indépendance à la Jordanie en 1945.

VIII - DIVERGENCES  FACE AUX ANGLAIS AVANT LA GUERRE

 « L'Union Mondiale des Sionistes révisionnistes » fut créée en août l925, par Vladimir Jabotinsky.  Ils désiraient obtenir, par une immigration massive en Palestine, une majorité juive et sur les deux rives du Jourdain pour y établir par la force un grand Etat juif.  En 1935 les Révisionnistes, c'est-à-dire les extrémistes, se retirèrent de l'Agence Juive, dont le rôle était celui d’un gouvernement provisoire Juif en Palestine et créèrent la NZO (Nouvelle Organisation Sioniste). Vladimir Jabotinsky appelé Zeev Jabotinsky fut le leader de l’ultra extrémisme. Avec une certaine distance, il avait une claire admiration pour Mussolini une admiration distante et s’inspira clairement du fascisme pour créer son organisation paramilitaire. Les idées d’extrême droite de Vladimir Jabotinsky étaient en opposition à celles du mouvement socialiste ouvrier prédominant à l’agence juive. L’opposition avec le sionisme officiel fut si grande que certains soupçonnèrent les extrémistes d’avoir inspiré l’assassinat en 1933 Haïm Arlozoroff. Il était un dirigeant socialiste sioniste, membre du bureau politique de l’Agence Juive et jugé trop ouvert à la négociation avec les anglais par les extrémistes. Yitzhak Rabin pourrait être alors le second leader juif après Haïm Arlozoroff, à avoir été assassiné sous l’influence de l’extrême droite.

En 1931, l’Irgoun Tsvai Leoumit « ETZEL », connue sous le nom d’Irgoun, fut créée après par scission avec la HAGANAH, organisation juive de défense et   jugée insuffisamment agressive.  Les actes de violences de l’Irgoun détériorèrent plus qu’ils ne l’étaient déjà les relations entre Juifs et Anglais.

Au cours de la seconde guerre mondiale 30 000 Juifs de Palestine s’engagèrent aux cotés des Anglais pour mener la Guerre contre l’Allemagne jugé de loin prioritaire. Cependant un certain nombre de membres de l'Irgoun qui considéraient qu'il fallait continuer la lutte contre les Anglais, et formèrent le groupe extrémiste LEHI (Groupe Stern).

L’opposition s’accrût violemment entre le Groupe Stern et de l'Irgoun d’une part et le bureau du Sionisme officiel d’autre part. L’opposition entre Sionisme officiel et Irgoun allait même continuer après l’indépendance, en Juin 1948 lorsque l’armée israélienne coula, sur instruction de Ben Gourion, le navire « Altalena » que l’Irgoun continuait d’utiliser pour importer des armes.

IX-SHOAH et partage de la Palestine

Il est utile d’avoir en mémoire les chiffres de la Shoah, pour comprendre la force de l’antisémitisme en son point culminant. La Shoah est unique par la haute performance exterminatrice et le fait que près des 63% des juifs européens périrent. Il a dont sans doute fallu en arriver à ce paroxysme pour qu’une décision soit prise en ce qui concerne le partage de la Palestine.

Dans 9 pays européens sur les 20 concernés par la Shoah, l’extermination s’est située entre 69% et 91%. Les pays d’Europe Centrale et Orientale : 10 pays sur 20, ont compté 5 400 000 victimes, soit 90% de l’ensemble des victimes. 84% de la population juive européenne vivaient en Europe centrale et orientale.

Dans beaucoup de pays d’Europe occidentale, les victimes furent moins nombreuses, mais représentèrent  une part importante de la population Juive de chacun d’eux.

Rang – selon le % d’extermination

PAYS

VICTIMES

% d’extermination de la population juive  par pays

1

Pologne

3 000 000

91

2

Grèce

67 000

87

3

Lituanie

143 000

85

4

Roumanie

287 000

84

5

Lettonie

80 000

84

6

Yougoslavie

63 300

81

7

Hongrie

596 000

74

8

Pays Bas

100 000

71

9

Tchécoslovaquie

142 150

69

10

Luxembourg

1 950

55

11

Norvège

762

45

12

Belgique

28 900

45

13

Estonie

2 000

44

14

Allemagne

200 000

36

15

URSS

1 100 000

36

16

Autriche

65 000

35

17

France

77 320

22

18

Italie

7 680

17

19

Danemark

60

0.8

20

Bulgarie

0

0

Total

5 962 122

63

Généralement admis

6 000 000

X – NAISSANCE DIFFICILE D’ISRAEL

1–COMPORTEMENT DE LA GRANDE BRETAGNE APRES 1945

Abdallah, originaire de la Mecque fut couronné Roi de Jordanie en mai 1946. En fait la Grande Bretagne qui ne contrôlait plus officiellement la Jordanie depuis 1945, garda le contrôle de la Jordanie grâce au traité anglo-jordanien, qui ne pris fin qu’en 1956. Ce traité permettait à la Grande Bretagne de garder des bases militaires, et d’avoir le contrôle de l‘armée Jordanienne appelée « Légion Arabe » en en assurant de fait le commandement. La grande Bretagne avait créé l’armée Jordanienne en 1923 et son commandement fut assuré par un Lieutenant-Général anglais jusqu’en 1956 : Sir John Bagot Glubb (1897-1986), surnommé « Glubb Pacha ».  Il est donc intéressant de noter qu’au moment où les troupes anglaises quittaient Israël en mai 1948, le Lieutenant-Général anglais Sir John Bagot Glubb se préparait, à l’envahir nouveau avec sa légion Jordanienne. Sir John Bagot Glubb et le tout nouveau Roi Abdallah ont en partie réussi leur offensive, puisqu’ils ont pu conserver un territoire additionnel de la Palestine appelés « Rive ouest du Jourdain » ou « Cisjordanie » et l’Est de Jérusalem.

Après l’armistice du 3 avril 1949, Abdallah donna à la réunion de la Transjordanie et de la Rive Ouest du Jourdain le nom de Royaume Hachémite de Jordanie.

REPARTITION ACTUEL DU TERRITOIRE SOUS MANDAT BRITANNIQUE

KM 2

%

JORDANIE

  89 342

76.0

ISRAEL

  22 072

18.7

CISJORDANIE

   5 860

   5.0

GAZA

     360

  0.3

TOTAL

117 634

100

La révélation de la Shoah rendait scandaleuse le maintien de la politique anglaise de déportation et de persécution des survivants juifs tentant de se réfugier en Palestine. Parmi ces scandales figurèrent l’épisode du navire Exodus en Juillet 1947 dont les passagers furent renvoyés en Allemagne par les anglais. 

Le 29 novembre 1947, l'ONU a accepté le partage de la Palestine entre un Etat Juif et un Etat arabe par 33 voix contre 13 et 11 abstentions.

Après ce vote la Grande-Bretagne a continué à semer le trouble dans la région, jusqu’au terme de son mandat 6 mois plus tard :

  • Par son influence sur la Légion Arabe de Jordanie
  • En continuant à limiter l’immigration Juive 
  • En refusant de céder ses pouvoirs à une Commission de l’ONU
  • En refusant d'ouvrir un port juif
  • En refusant de détacher la Livre palestinienne de la Livre britannique

L’indépendance de l’Etat fut proclamée le 14 mai 1948, à la veille de l’échéance du mandat britannique. La Grande Bretagne attendit jusqu’au 29 janvier 1949 pour reconnaître le nouvel Etat.

Dans les jours suivants la proclamation de l’indépendance de l’Etat d’Israël, l’armée de Jordanie sous le commandement de Sir Glubb joignit celles d’Egypte, de Syrie et d’Irak pour tenter d’envahir Israël qui ne comptaient que 650 000 habitants.

Vingt-six ans après son commencement, le Mandat  se terminait dans la guerre, et le désordre obligeant de nombreux palestiniens à fuir pour se réfugier dans des camps dans lesquels nombre d’entre eux se trouvent encore aujourd’hui.

La Grande Bretagne ne s’était concentrée que sur ses propres intérêt, à la fois incapable et non désireuse en 26 ans d’organiser un partage décent.

2–POSITION DES AUTRES PAYS APRES 1945

La nécessité de la Shoah pour aboutir à une solution révéla la difficulté des états européens de se libérer de leurs préjugés ancrés de longue date. Il apparait que la Shoah était connue durant la guerre mais ne suscitait pas de préoccupations prioritaires ainsi que le rapporta Jan Karsky, agent de renseignement du Gouvernement polonais en 1944, qui rencontra aussi Roosevelt.

L’URSS avait modifié pendant une brève période sa position à l'égard d’Israël qui s’opposait à la Grande Bretagne, et dont elle espérait qu’il puisse être un relai soviétique au Moyen Orient. L’URSS avait voté « de jure » en faveur de l’indépendance d’Israël.

La Tchécoslovaquie, l'Italie et la France fournirent de nombreuses armes à Israël « alors que les Etats-Unis décrétèrent un embargo. »

Rapidement, on assista à un total revirement de l’URSS, sous prétexte que l’influence des Juifs américains et par eux celle de leur gouvernement prit le dessus sur celle des éléments prosoviétiques en Israël. 

Ce revirement des pays communistes se manifesta par un durcissement non seulement à l’égard d’Israël mais aussi à l’égard des Juifs.

Ainsi en Tchécoslovaquie, 14 personnes furent arrêtées en Novembre 1951 sous l’influence de l’URSS, dont Rudolf Slansky ancien Secrétaire général du Parti Communiste et Vladimir Clementis, ancien ministre des affaires étrangères pour avoir prétendument placé à des postes importants du Parti et de l'Etat des éléments « nationalistes bourgeois et sionistes ». Sur les 14 inculpés 11 étaient juifs. En réalité Rudolf Slansky avait participé à la liquidation des organisations sionistes en Tchécoslovaquie après 1949 et avait été le seul dirigeant à s'être opposé à la livraison d’armes à Israël pendant la guerre de 1948. Rudolf Slansky et Vladimir Clementis furent exécutés en 1952.

XI –CONCLUSION : Les Responsabilités de l’Europe

L’indépendance d’Israël est venue de l’obstination antisémite bimillénaire des pays européen. Dès 1920, la SDN avait dû constater la réalité de ces faits et se résigner à admettre la nécessité de créer un foyer national juif et cela bien avant la Shoah. Le mandat de la SDN fut utilisé par la Grande Bretagne pour ne servir que ses intérêts.

Ainsi ce mandat qui aurait dû éviter la Shoah s’il avait été mené à terme en moins de 18 ans, a eu paradoxalement besoin de la Shoah pour être exécuté dans la précipitation, le désordre, la guerre et avec pour résultat de nombreux réfugiés palestiniens dont la situation n’est toujours pas résolue.

La Grande Bretagne aura surtout passé du temps à redessiner la carte du moyen orient selon ses convenances et sa conception traditionnel d’un colonialisme fondé uniquement sur l’’exploitation économique. Jusqu’au dernier moment, la Grande Bretagne aura repoussé à la mer les survivants de la Shoah, comme elle fit déjà en 1905 avec ceux des Pogroms en utilisant la Loi sur les Etrangers de Lord Balfour.

L’objectif du Mandat était in fine d’éviter des drames tels que celui de la Shoah qui aurait pu l’être s’il avait été achevé en moins de 18 ans.

Paradoxalement la Shoah aura été nécessaire pour finaliser le mandat dans la hâte, le désordre et la guerre engendrant ainsi de nombreux réfugiés palestiniens dont la situation n’est toujours pas résolue à ce jour.

Le vote de l’ONU de 1947 a permis à beaucoup de Nations de se racheter une bonne conscience et pourtant les alertes sur le processus en cours de la Shoah n’avait pas suscité beaucoup de réactions pendant la guerre.

Ces évènements auront consacré la Grande Victoire de l’antisémitisme européen puisque 63% des juifs européens ont été exterminés.

Aujourd’hui l’antisémitisme européen existe encore alors qu’il n a plus lieu d’être puisque la population juive européenne est devenue négligeable, ce qui pourrait expliquer l’antisémitisme prend souvent les cimetières comme lieu d’expression.

En effet, la population juive mondiale vit essentiellement en Israël et aux Etats Unis. 12% de la population juive mondiale vit en Europe contre près de 60% en 1939. La population Juive Européenne ne représente plus que 1/6 de ce qu’elle était en 1939.

Nous ne pouvons plus qu’espérer que l’Europe qui a maintenant dépassé le problème des prérogatives nationales génératrices de conflits au bénéfice de l’Union, a acquis une Ethique suffisamment solide. La charte des Droits fondamentaux est un bon début à condition de s’y tenir.

L’Europe doit faire place à la tolérance après ses excès et déclarer hors la loi les partis politiques fondés sur la xénophobie, qui renaissent un peu partout aujourd’hui parmi ses membres.

REPARTITION DE LA POPULATION JUIVE DANS LE MONDE

Chiffres approximatifs et arrondis

1939

2005

ISRAEL

500 000

3%

5 400 000

40%

USA

5 000 000

30%

6 000 000

44%

EUROPE

9 600 000

59%

1 600 000

12%

AUTRES

1 300 000

8%

500 000

4%

TOTAL

16 400 000

100%

13 500 000

100%